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Enregistré le vendredi 22 septembre, avec : Nicole Gnesotto, professeur titulaire de la chaire Union européenne : institutions et politiques au CNAM; François Bujon de l'Estang, Ambassadeur de France et Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova 

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Quelle cohérence pour le budget 2019 ?

Il y a un peu plus d’un an et demi, le candidat Emmanuel Macron faisait de la réduction de la dépense publique l’un des axes de sa campagne présidentielle au point d’afficher un objectif volontariste de réduction de 3 points de PIB d’ici à 2022. Pour autant, le premier budget adopté sous sa présidence a vu les dépenses publiques croître de 0,6% et il semblerait que le futur projet de loi de finances pour 2019 qui sera présenté en Conseil des ministres le 24 septembre prochain prévoit une nouvelle hausse de 0,6% du budget général de l’État.

Cette nouvelle hausse des dépenses s’inscrit dans un cadre d’autant plus strict qu’elle devra s’accommoder des engagements européens de la France de maintenir son déficit public en dessous des 3% de PIB, à un moment où la dette publique atteint cette année un sommet historique de 98,7% du PIB. 

Pour tenir les engagements que je viens d’évoquer, et pour faire face à la réduction de la prévision de croissance annuelle qui a été ramenée en septembre par l’INSEE de 2 à 1,7%, le Premier Ministre a annoncé le 26 août dans un entretien au Journal du dimanche que le Gouvernement avait fait le choix d’une revalorisation a minima des pensions de retraites, des allocations familiales et des aides personnalisées au logement (APL) de 0,3%, un niveau largement inférieur à l’inflation annuelle qui est évalué par l’INSEE à 1,7%. Pour compenser cette désindexation, le Gouvernement a affirmé vouloir « faire le choix du travail » et a annoncé sa volonté d’exonérer de cotisation salariale, à partir du 1er septembre 2019, l’ensemble des heures supplémentaires effectuées dans le secteur privé comme public. 

Ces annonces interviennent dans un moment de flou concernant des arbitrages budgétaires et fiscaux à l’image du démenti cinglant adressé par l’Élysée au Délégué général de la République en Marche, Christophe Castaner, qui avait évoqué le vendredi 14 septembre dernier l’ouverture d’une « réflexion sans tabou pour une refonte de la fiscalité des succession ». 

Après moins de deux ans de présidence, ces atermoiements posent la question de la cohérence que le Gouvernement souhaite donner à son action et celle de sa traduction dans le budget qui sera soumis prochainement au vote des parlementaires.

Orbán et la recomposition politique dans l’UE

Mercredi 12 septembre dernier, le Parlement européen réuni en session plénière à Strasbourg s’est prononcé en faveur du déclenchement contre la Hongrie de la procédure prévue à l’article 7 du Traité sur l’Union européenne ; qui condamne toute violation grave des valeurs fondamentales de l’Union. 

Ce vote de défiance des eurodéputés à l’encontre du gouvernement de Viktor Orbán constitue l’épilogue d’une suite d’oppositions de plus en plus vives entre les institutions communautaires et ce dernier depuis son retour au pouvoir en 2010. Oppositions qui concernent notamment les différentes réformes ayant remis en cause aussi bien l’indépendance de la justice que la liberté des médias ou encore celles des professeurs d’université. Ce vote fait de la Hongrie le deuxième membre de l’Union sous le coup de l’article 7 après que ce même article a été activé pour la première fois en décembre dernier contre le gouvernement polonais dirigé par Jaroslaw Kacziynski. 

Si la procédure de sanction, qui nécessite un vote à l’unanimité des États-membres de l’Union, a peu de chance d’être menée à son terme, cette défiance affichée du Parlement européen vis-à-vis de la Hongrie vient parasiter les négociations au sujet de la répartition des migrants qui se sont poursuivies lors d’une réunion informelle des chefs d’États et de gouvernement réunis cette semaine à Salzbourg. 

Enfin, à moins d’un an des prochaines élections européennes, ce vote pose la question de la recomposition politique sur la scène européenne et notamment de celle du PPE, principal parti de centre-droit européen, qui a vu une majorité de ses eurodéputées voter en faveur de la condamnation du gouvernement Orbán alors même que ses membres siègent dans le même groupe au Parlement européen. Alors qu’un congrès du parti est programmé en novembre à Helsinki, des divergences semblent demeurer en interne quant au sort à réserver au Fidesz, qui a remporté les deux élections générales organisées en Hongrie depuis 2010. 

Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr