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Inquiet d’une résurgence des « gilets jaunes » - qui ont commémoré hier l’anniversaire du début de leur révolte – redoutant une défaite aux municipales de mars prochain, l’exécutif veut prendre son temps pour peaufiner ses réformes.

Concernant celle des retraites, le président Macron indique que rien n’est encore décidé. La question de l’âge pivot n’est pas tranchée et le gouvernement a promis fin août une concertation de près d’un an. Le projet consiste à remplacer les 42 régimes de retraite existants par un système par répartition universel, dans lequel chaque euro cotisé donnerait le même droit à pension pour tous. La réforme, assure le gouvernement, ne se fera pas au même rythme pour tous. Chaque secteur concerné aura droit à sa négociation. Le basculement est prévu pour 2025. Aujourd’hui aucune date n’est sûre, toutes les hypothèses sont sur la table, y compris l’application de la « clause du grand-père », qui consisterait à n’appliquer la retraite par point qu’aux nouveaux entrants sur le marché du travail. Emmanuel Macron et Édouard Philippe estiment qu’il fautl’étudier, tandis que le Haut-commissaire chargé de la réforme, Jean-Paul Delevoye s’est déclaré contre. Ce dernier s’est fait sèchement recadrer. Selon un sondage Elabe pour Les Échos, Radio Classique et l’Institut Montaigne : 47% des Français se disent opposés à cette réforme et 29% s’y déclarent favorables.

Autre front : l’hôpital. Le service public craque, après des années de restructurations mal digérées et de réductions d’effectifs mal calibrés. A Paris, ce sont des centaines de lits actuellement fermés en raison de difficultés de recrutement et de fidélisation chez les soignants. Des postes sont budgétés mais non pourvus. L’hôpital, « un sujet que je regarde avec énormément d’attention et qui me préoccupe beaucoup » a déclaré le président le 28 octobre sur RTL. « Il va falloir que l’on remette des moyens » assure-t-il. Après la mobilisation du personnel hospitalier le 14 novembre, des annonces devraient être faites lors du prochain conseil des ministres.

« Le problème qu’on a c’est qu’on fait une stratégie qui va mettre 5 à 10 ans à se déployer », rappelle le président. D’ici là, le 5 décembre la CGT, FO, FSU, Solidaires et plusieurs mouvements de jeunesse ont appelé à « une première journée de grève interprofessionnelle », dans le sillage de plusieurs syndicats de la RATP. L’exécutif craint un embrasement dans la fonction publique.


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Moins d’un mois avant le 70e anniversaire de l’Alliance atlantique qui sera célébré lors du prochain sommet de l’organisation à Londres les 2 et 4 décembre prochain, le président Emmanuel Macron a jugé le 7 novembre dans, The Economist que l’Otan était en « état de mort cérébrale ». Dans un long entretien avec l’hebdomadaire britannique, le président français explique cet état par le désengagement américain vis-à-vis de ses alliés et l’intervention militaire de la Turquie, membre de l’Alliance, dans le nord de la Syrie. « Il n’y a aucune coordination dans la prise de décision stratégique entre les États-Unis et ses alliés de l’Otan » regrette le président français qui se déclare également alarmé de la « fragilité extraordinaire de l’Europe » qui « disparaitra », si elle ne « se pense pas comme puissance dans ce monde ». Pour lui, le sursaut doit passer par deux chemins : le développement d’une véritable « souveraineté militaire » et la relance du dialogue avec la Russie.

​Les coups contre l’Alliance atlantique ont été portés par Donald Trump, qui après avoir considérée qu’elle était « obsolète » pendant sa campagne électorale, a introduit le doute sur sa volonté d’honorer la solidarité militaire stipulée par l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord en cas d’attaque contre un de ses membres.

​Les propos d’Emmanuel Macron ont suscité un tollé chez les alliés. Ils ont choqué en Allemagne où Angela Merkel a déclaré : « Je ne pense pas qu’un tel jugement intempestif soit nécessaire ». Les « termes radicaux » de M. Macron a ajouté la chancelière ne correspondent pas à « mon point de vue ». 

Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan a observé que « toute tentative d’instaurer une distance entre l’Europe et l’Amérique du Nord ne va pas seulement affaiblir l’Alliance transatlantique mais risque aussi de diviser l’Europe ». La présidente désignée de la Commission européenne, Ursula vonder Leyen a défendu « la plus puissante alliance de défense dans le monde ». Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompéo a jugé que l’Otan restait « historiquement un des partenaires stratégiques les plus important ». Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau a souligné le « rôle extrêmement important » de l’organisation internationale notamment en Irak et en Lettonie. Le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki a estimé les propos d’Emmanuel Macron « dangereux » tandis que le président turc Recep TayyiupErdogan les a qualifiés d’« inacceptables » . Moscou, en revanche, a salué des « paroles en or » et « une définition précise de l’état actuel de l’Otan ».


Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr