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Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 


Avec cette semaine :

  • Nicolas Baverez, essayiste et avocat.
  • Matthias Fekl, avocat et ancien ministre de l’Intérieur.
  • Isabelle de Gaulmyn, rédactrice en chef du quotidien La Croix
  • Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l’Institut Français de Géopolitique.


RÉSEAUX SOCIAUX, SLACKTIVISME, PRIMAIRE POPULAIRE, INFOTAINMENT = FIN DES PARTIS POLITIQUES ?

 

Twitter, Facebook, Instagram, TikTok, Linkedin, YouTube et Twitch : sept canaux numériques parmi les portails les plus populaires en France, c'est un minimum désormais pour un candidat à l'Elysée. Sur TikTok, le chef de l'État rassemble 2,8 millions d'abonnés et ses vidéos atteignent régulièrement plusieurs millions de vues. Une autre plateforme s'impose comme place forte de la campagne présidentielle en ligne : Twitch. Jean-Luc Mélenchon y fait figure de pionnier, avec sa propre émission « Allô Mélenchon » dans laquelle il interagit avec des internautes. Avec la montée en puissance des réseaux sociaux, une nouvelle forme de militantisme numérique s’est développée : le slacktivisme, qui désigne l’activisme dit paresseux (slacker pour fainéant) consistant à publier un tweet, liker une photo sur Instagram, signer une pétition sur Change.org ou encore partager un événement sur Facebook et ainsi apporter son soutien à une cause depuis son canapé. Désormais, le partage des informations sur les réseaux sociaux a beaucoup plus d'influence sur les opinions que les chaînes d'information en continu. La France en possède quatre qui totalisent moins de 7 % de l'audience quotidienne des Français. Chargée de recherche au CNRS, Claire Sécail a quantifié, dans l'émission Touche pas à mon poste, animée par Cyril Hanouna, le taux d'antenne, de septembre à décembre 2021, consacré à l'extrême droite : pas moins de 53 % dont 44,7% pour le seul Éric Zemmour. La gauche et la droite « classique » se partageant le temps d'antenne restant.

D'après le rapport annuel sur les manières de s'informer du Reuters Institute, la consultation en France de la presse écrite est passée de 46 % à 14 % entre 2013 et 2021. Sur la même période, celle des réseaux sociaux a progressé de 18 % à 38 %. Interrogée par le 35e Baromètre de confiance dans les médias Kantar Public-Onepoint pour La Croix, une personne sur deux considère que l’impact des réseaux sociaux sur les « débats et discussions politiques » a été « assez » (34 %) ou « très négatif » (16 %), alors que 41 % des 18-24 ans (contre 28 % de l'ensemble) le jugent « positif ». D’une étude publiée le 3 février par l’Institut Montaigne, il ressort que les 18-24 ans ne se reconnaissent aucune proximité avec un parti ou une tendance politique, pas même avec les écologistes. La socialisation politique des jeunes semble « marquer le pas », relèvent les auteurs pour qui c’est là « le fait majeur caractérisant le rapport à la politique des jeunes aujourd’hui ».

Dans ce paysage politique bouleversé, la primaire populaire, organisée fin janvier, a profité de l'affaiblissement des formations politiques engagé depuis trente ans dont les effectifs se sont effondrés. Le Parti socialiste est ainsi passé en un peu plus de dix ans de 200 000 à 20 000 adhérents.


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PÉKIN : DES J.O CONTRE NATURE

 

Les olympiades qui se déroulent du 4 au 20 février à Pékin, seront les premières à utiliser 100 % de neige artificielle pour l’organisation des épreuves en plein air. Fin janvier, le massif montagneux qui entoure la station de Yanqing où se déroulent les épreuves de ski alpin, était vierge de tout flocon. Depuis novembre, plus de 100 générateurs de neige et 300 canons ont fonctionné à plein régime pour blanchir les 9,2 km de pistes utilisées pour la compétition. Ce recours à la technique dans une région connue pour son aridité aura un coût financier, mais surtout environnemental : une étude chinoise soulignait en 2019 que 185 millions de litres d'eau seraient être nécessaires à la production d’1,2 million de mètres cubes de fausse neige. Il y a quatre ans, en Corée du Sud, 90% du manteau avait été déposé grâce aux canons et 80% en 2014, pour les Jeux de Sotchi. Pékin 2022 promet pourtant que les Jeux seront « respectueux de l'environnement, fédérateurs, ouverts et propres », et vante le recours à des technologies innovantes et bas carbone pour fabriquer la glace et des sites de compétition alimentés à 100 % avec de l'électricité verte. « Greenwashing », rétorquent les défenseurs de l'environnement. Selon eux, il pourrait bien s'agir au contraire des Jeux les moins durables de l'histoire.

Sans neige, les JO de Pékin préfigurent sans doute ce que seront les futures éditions olympiques menacées par le réchauffement climatique. Dans un avenir proche, la Chine ne devrait pas être un cas isolé. Sur les 21 sites ayant accueilli des Jeux d'hiver depuis Chamonix en 1924, seuls dix d'ici à 2050 pourraient encore convenir pour accueillir un tel événement, avec des chutes de neige naturelles suffisantes, a alerté un rapport produit par des chercheurs du Sport Ecology Group de l'université anglaise de Loughborough et l'association Protect Our Winters.

En janvier, la Chine avait averti qu'une forte pollution de l'air pendant les Jeux n'était pas à exclure, au moment où sa consommation de charbon explose. Le pays dépend à 60% de la houille pour sa production d'électricité. Il a fait face ces derniers mois à des coupures de courant et a accru en conséquence son extraction de charbon. En 2021, le niveau des particules fines a certes chuté à 33 microgrammes par mètre cube en moyenne, a indiqué le service environnement de la mairie de Pékin -- soit trois fois moins qu'en 2013. Mais c'est toujours six fois plus que le niveau recommandé par l'OMS (5 microgrammes par mètre cube). La pollution atmosphérique est une préoccupation majeure des Pékinois, mais aussi des athlètes, qui devront se soucier en plus de la qualité et de la quantité de la neige artificielle.

Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr