Description

Le 20 octobre dernier, les Suisses ont renouvelé comme ils le font tous les 4 ans les 200 conseillers nationaux et les 46 conseillers aux États qui composent la Chambre basse et la Chambre haute de leur parlement. Les abstentionnistes sont largement sortis vainqueurs de ce scrutin comme des précédents et, dans la patrie des votations, ils représentent 54,88% du corps électoral. Si les conservateurs nationalistes de l’Union démocratique du centre (UDC) restent la première force du pays, les formations écologistes de droite et de gauche ont réalisé une percée qui va rebattre les cartes politiques au Parlement, où ils disposent désormais de 28 sièges, contre 54 pour l’UDC.

     L’avenir politique des forces écologistes reste toutefois en suspens au niveau gouvernemental. En effet, depuis 1959, le système politique suisse repose sur la règle dite de la « formule magique » qui octroie deux ministres au PS, deux aux libéraux, deux à l’UDC et un aux chrétiens-démocrates. Une formule que l’ancien député et constituant genevois Pierre Kunz juge désuète et à réformer.                  

      26 cantons qui comptent de 52.000 à 170.000 habitants et où l’on parle 4 langues composent la confédération et les élections nationales sont contrebalancées par une organisation de la démocratie directe. Les Suisses votent tous les trois mois pour répondre à 1, 2, 3 et parfois jusqu’à 9 questions simultanées. La date des scrutins est connue jusqu’en 2036. C’est par referendum que les Suisses ont refusé (de justesse) de faire partie de l’espace économique européen et c’est par referendum qu’ils ont institué une taxe sur les poids lourds et décidé une préférence pour le ferroutage. C’est par referendum qu’ils décideront ou on en 2020 d’inscrire dans leur code pénal le délit de discrimination et d’incitation à la haine en raison de l’orientation sexuelle. Depuis 1848, ils ont été appelés 311 fois aux urnes, au cours des dernières années, sur la promotion des voies cyclables, sur la facilitation de la naturalisation des étrangers de la 3ème génération, contre la suppression de la taxe radio-télévision ou contre le déremboursement de l’IVG

​La prévision de croissance officielle pour 2019 a été ramenée en septembre à 0,8%, contre 1,2% attendu en juin, du fait d’une progression plus lente que prévue de l’économie mondiale, en particulier en Allemagne qui reste le premier partenaire commercial de la Suisse. Le taux de chômage est à 2,1%,soit son plus bas niveau depuis fin 2001.

     La Suisse demeure le numéro un mondial de la gestion de fortune. Sous la pression de Washington et de Bruxelles, elle a été contrainte, en 2009,d’annoncer la fin du secret bancaire et elle a été retirée en septembre de la liste grise des paradis fiscaux de l’Union européenne. Cependant, le secret bancaire n’a pas été aboli pour les personnes domiciliées en Suisse, qu’elles soient suisses ou étrangères et l’échange d’information n’existe toujours pas avec de nombreux pays en Europe de l’Est, Afrique, Asie et Amérique du Sud.

​Hôte de conférences internationales, la Suisse exerce des mandats de représentation d’intérêts qui lui sont confiées par des puissances étrangères, comme la défense des intérêts américains en Iran. Très active sur les scènes du multilatéralisme, comme à l’ONU et dans les instances spécialisées.

     Pour comprendre un peu mieux ce pays si proche et si lointain, nous avons réuni, Nina Belz, correspondante en France de la « Neue Zürcher Zeitung »,quotidien suisse germanophone basé à Zürich et Richard Werly, correspondant à Paris du Temps et directeur de la collection L’Âme des peuples aux éditions Nevicata qui publie un riche petit ouvrage sur la Suisse signé d’André Crettenand.


Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr