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Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 8 avril 2022.


Avec cette semaine :

  • Jérémie Gallon, diplomate et enseignant.
  • Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.
  • Lucile Schmid, membre du comité de rédaction de la revue Esprit
  • Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique Blick.


Henry Kissinger. L’Européen

 

Jérémie Gallon, vous êtes directeur de la branche européenne du cabinet de conseil géopolitique McLarty Associates, vous enseignez les relations internationales à Sciences Po et vous avez été conseiller auprès de l’Ambassadeur de l’Union européenne aux États-Unis de 2015 à 2017. Après votre premier livre qui était le Journal d’un jeune diplomate dans l’Amérique de Trump, paru en 2018, vous avez publié en 2021 Henry Kissinger. L’Européen chez Gallimard.

Dans ce livre, vous dressez le portrait d’un homme qui vous a marqué et qui, selon vous, devrait représenter une source d’inspiration majeure pour bâtir la diplomatie européenne de demain. Vous rappelez les origines européennes d’Henry Kissinger, né en 1923 à Fürth, à quelques kilomètres de Nuremberg, et vous insistez sur ce qui le rapproche du vieux continent. Il admirait le général de Gaulle et avait des convergences intellectuelles avec Raymond Aron qui s’est séparé de lui à propos du Sud Viêtnam dont il n’a pas accepté l’abandon et du Chili, dont il na réprouvé le soutien au coup d’État. Son action diplomatique a toujours été teintée d'un réalisme européen dans un pays où nombre d’hommes politiques préféraient une approche idéaliste des relations internationales, fondée sur la croyance en la vocation messianique de leur pays.

Le rapport d’Henry Kissinger à l’Europe a aussi été nourri par l’histoire, et par ses travaux de doctorat sur le Congrès de Vienne, dans lesquels il a cherché à comprendre comment Metternich et le vicomte de Castlereagh ont bâti les fondations d’un équilibre durable en Europe après la défaite de Napoléon. Ces travaux, et la carrière universitaire qui a précédé la vie d’homme d’État de Kissinger lui ont conféré, selon vous, une densité intellectuelle et humaine qui manque aujourd’hui à la plupart des dirigeants mondiaux.

Cette densité lui a permis de voir loin et de ne pas céder au court-termisme de l’opinion, d’être l’architecte de la politique de Détente avec l’URSS là où nombre de ses compatriotes y voyaient une capitulation de l’Occident. Il a aussi participé au rapprochement des États-Unis avec la Chine et, encore aujourd’hui, prône un apaisement des relations entre Pékin et Washington.

Dans votre livre, Jérémie Gallon, vous vous faites le défenseur de celui que certains n’ont pas hésité à accuser de crimes contre l’humanité : entre les bombardements au Cambodge, la guerre du Vietnam et le soutien au coup d’État de Pinochet au Chili, vous considérez que le secrétaire d’État américain n’est pas indéfendable. Votre expérience de diplomate de l’Union européenne à Washington vous a conduit à considérer que ce qui est impardonnable pour un diplomate est plutôt l’impuissance et la résignation à laisser sombrer dans le déclin la puissance qu’il sert.

 Vous qui vous faites l’apôtre d’une politique de puissance contre une diplomatie des bons sentiments et qui semblez admirer Henry Kissinger aussi bien pour son action diplomatique que pour sa capacité à penser les relations internationales, pourriez-vous, pour introduire notre conversation, revenir sur la notion de realpolitik, notion souvent mal comprise qui est associée à la personne d’Henry Kissinger.

Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr