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THÉMATIQUE : L’INDO-PACIFIQUE


Avec Isabelle Saint-Mézard, chercheuse associée au centre Asie de l’Ifri, l’Institut français des relations internationales, et spécialiste de l’Asie du Sud, notamment de l’Inde.


Le terme d’Indo-Pacifique a émergé récemment dans les relations internationales où on lui préférait jusque-là le concept d’Asie-Pacifique. C’est, par exemple, en 2019, que la France a dévoilé sa stratégie pour l’Indo-Pacifique. Si la notion correspond à l’union des océans indien et pacifique, ses délimitations géographiques ne sont pas envisagées de la même manière par tous les acteurs. Les États-Unis considèrent l’Indo-Pacifique comme bordé à l’ouest par la façade orientale de l’Inde tandis que la France tend à inclure Mayotte voire l’Afrique de l’Est. Cependant, une donnée commune demeure : celle du caractère stratégique de la zone.

   Au niveau économique, l’Indo-Pacifique représente 40% du PIB mondial avec la Chine, l’Inde, le Japon mais aussi les dragons asiatiques. Principal relai de la croissance mondiale, la zone est traversée par la première route maritime du globe. Avec 60% de la population de la planète, elle représente également un marché majeur.

      Au niveau sécuritaire, la région compte 6 puissances nucléaires : la Chine, la Russie, l’Inde, le Pakistan mais aussi les États-Unis et la France. Ce constat est d’autant plus digne d’intérêt que certains de ces pays s’opposent sur de nombreux sujets. La stabilité étatique est également sujette à caution, notamment après après un coup d’État en Birmanie le 1er février dernier et avec la persécution de la minorité musulmane dans ce pays mais aussi en Chine et en Inde.

      Par ailleurs, les petits États insulaires de l’Indo-Pacifique sont parmi les premiers menacés par le changement climatique, qui renforce le risque de catastrophes naturelles.

       Le concept d’Indo-Pacifique a été promu par les États-Unis pour offrir un front uni entre les pays de la région face à l’affirmation de Pékin en mer de Chine mais aussi dans l’océan Indien alors que l’armée chinoise dispose désormais d’une base à Djibouti. A travers le dialogue quadrilatéral sur la sécurité, le QUAD, qui rassemble Inde, Australie, Japon et États-Unis, ces derniers espèrent former une alliance multilatérale. Cependant, les gouvernements de la région veillent à ne pas s’opposer frontalement à Pékin tandis que les Européens, pressés par Washington, ne souhaitent pas nécessairement aligner leur position sur celle des États-Unis.

Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr