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VERS UN « NOUVEAU CONTRAT SOCIAL » ?

Mardi 27 novembre dernier, le président de la République a détaillé la stratégie environnementale à long terme adoptée par la majorité. Il a annoncé la tenue d’une large consultation citoyenne qui s’étendra sur une durée de trois mois et qui portera sur la mise en œuvre de la transition écologique et sur les moyens de rétablir une cohésion sociale en France. Souhaitant y inclure des représentants des milieux syndicaux, patronaux, associatifs et des élus locaux, Emmanuel Macron a appelé de ses vœux la mise au point par cette consultation d’un « nouveau contrat social ». Ce discours a été prononcé dans le sillage des manifestations des gilets jaunes entrées hier dans sa troisième semaine de mobilisation. Ce mouvement n’est pas sans rappeler les émeutes britanniques de 2011 qui avait été analysées par le sociologue Zygmunt Bauman comme une réaction à l’émergence de nouveaux modes de consommation contemporains. En effet les premières analyses rétrospectives du mouvement montrent que ce dernier rassemble des catégories sociales d’une grande hétérogénéité allant de l’ouvrier au paysan en passant par les petits entrepreneurs qui ont en commun leur sédentarité et une grande vulnérabilité vis-à-vis de perspectives de mobilité qui se réduisent. Ce mouvement est à ce titre une nouvelle illustration de l’approfondissement de la fracture sociale qui avait été à la fois baptisée et mis en exergue par le géographe Christophe Guilluy en 2014 dans son essai sur La France périphérique. Quatre ans après la parution de ce livre, Christophe Guilluy a réitéré son diagnostic dans un livre paru cette année, No society, dans lequel il regrette la dégradation des conditions de vie de la population périurbaine qui a presque doublé depuis 1968 pour atteindre plus de 15 millions d’habitants en 2018. Enfin on observe dans la littérature contemporaine un retour au centre de l’attention de la question sociale et de cette question périurbaine. Outre Fief, le premier roman remarqué l’année dernière de l’écrivain David Lopez, c’est cette France que le récent lauréat du prix Goncourt Nicolas Mathieu décrit dans son roman Leurs enfants après eux paru en septembre aux éditions Actes Sud.


TENSIONS EN MER D’AZOV

Le 25 octobre dernier, la marine russe a arraisonné trois navires ukrainiens en mer d’Azov arguant d’un transit irrégulier à travers le détroit de Kertch contrôlé par les autorités russes depuis l’annexion de la Crimée en 2014. Cette manœuvre a entrainé une condamnation immédiate de la part du gouvernement ukrainien et une escalade des tensions. Cette escalade s’est matérialisée cette semaine par l’adoption par le parlement ukrainien d’un texte autorisant l’application pendant 30 jours de la loi martiale dans les régions frontalières du pays. Cet affrontement est le résultat de tensions croissantes autour de la mer d’Azov depuis que le président russe a inauguré en mai un pont enjambant le détroit de Kertch pour relier la Crimée à la Russie. Cette matérialisation de l’annexion de 2014 s’accompagne d’un renforcement du contrôle exercé par Moscou sur les passages dans le détroit. Kiev considère ces mesures comme contraires au traité de 2003 qui stipule un contrôle partagé entre l’Ukraine et la Russie et les autorités ukrainiennes dénoncent une tentative d’asphyxie de leurs ports commerciaux de la mer d’Azov. Face à l’escalade consécutive à l’incident de dimanche, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a appelé à une « retenue maximale ». Parallèlement, différents élus européens se sont publiquement interrogés sur l’opportunité d’engager de nouvelles sanctions financières contre la Russie au cas où la liberté de passage dans le détroit de Kertch ne serait pas rétablie. Ainsi le président de la commission des Affaires étrangères du Bundestag Norbert Röttgen n’a-t-il pas exclu d’engager de telles sanctions tandis que le président polonais Andrzej Duda a affirmé qu’il serait prêt à les soutenir. Vladimir Poutine a qualifié de « provocation » la proclamation de la loi martiale par le président ukrainien Porochenko qu’il a accusé de n’agir que pour redresser le peu de chances que les sondages lui accordent d’obtenir un nouveau mandat aux élections présidentielles du 31 mars prochain.

Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr