Description

Le lien du catéchisme et de la mauvaise foi

Il arrive trop souvent qu’un élu en service commandé vienne réciter  sans une véritable conviction, et sans enthousiasme particulier son  catéchisme sur les plateaux des chaînes d’information : pour le  spectateur ou pour l’auditeur, l’exercice relève alors de la purge,  d’une forme de corvée dont l’élu ne sort pas indemne. En laissant au  vestiaire ou dans le salon de maquillage sa bonne foi, en préférant le  nez de Pinocchio à celui de Cyrano, en endossant la panoplie de  l’automate, en hypothéquant sa sincérité et donc sa crédibilité, il ou  elle devient une machine à démotiver.  Trop nombreux sont les solistes  qui interprètent mot pour mot leur monologue pour éléments de langage et  langue de bois préfabriqués, et qui en viennent à saouler ceux qu’ils  devraient convaincre. Alors il faut avaler la potion amère avec son goût  d’huile de foie de morue frelatée qui aurait été appauvrie en Oméga-3.  La démocratie fait ici penser aux premières minutes de la mythique série  « Mission impossible » créée dans les années 1960 et remise en vogue  dans les années 1980 : dans chaque épisode, l’équipe reçoit des  instructions laissées sur une cassette ou sur un support numérique qui  s’autodétruit après son écoute. A chaque épisode, la langue de vent du  locuteur autodétruit une  parcelle de démocratie pendant son écoute. La  démocratie est comme la planète : sa couche d’ozone est fragile. Elle  est sensible à cette vaporisation de néant qui caractérise trop de  discours sans vrais projets émis par des orateurs qui se transforment en  bombes aérosols ou en piètres extincteurs.

Foin de mauvais catéchisme. Nous pourrions être tentés de composer  une prière adressée à certains de nos élus lorsqu’ils ont tendance à  devenir des hommes et des femmes de peu de foi, voire de mauvaise foi.  « Notre élu qui parlez devant un hémicycle désert et qui sévissez  devant la mousse des micros et sous  le feu des projecteurs protégez  nous du vide, protégez-vous du bide et délivrez-nous de l’indifférence. »

Jean-Pierre Guéno