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C’est le premier grand conflit de l’air Barnier… Un an après le défilé d’agriculteurs à l’Élysée, la mobilisation reprend face à l’urgence agricole. Les agriculteurs réclament avant tout une meilleure valorisation de leurs produits. Beaucoup dénoncent le fait que les prix payés par les grandes surfaces et les industriels ne permettent pas de couvrir leurs frais. À cela s'ajoutent des préoccupations liées à l'inflation, qui a fait grimper les prix des engrais, du carburant et des aliments pour le bétail. Autre sujet de tension : les normes environnementales européennes. Bien que les agriculteurs se disent prêts à faire leur part pour la transition écologique, ils jugent que les contraintes imposées sont parfois inapplicables ou déconnectées de la réalité de leur quotidien. 

Depuis plusieurs semaines, les agriculteurs français se mobilisent massivement contre l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur. Cet accord, qui vise à intensifier les échanges commerciaux, est perçu par le monde agricole comme une menace directe pour l’agriculture française, déjà fragilisée par des crises répétées. Ce mardi 19 novembre 2024, la coordination rurale est entrée dans la danse. Des opérations coup de poing, parfois d’une grande violence notamment à Agen (Lot-et-Garonne) et à Guéret (Creuse). Ont-elles franchi la limite ? « Protester contre le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), exprimer ses inquiétudes, revendiquer un certain nombre d’avancées dans différents domaines c’est légitime. S’en prendre aux biens, s’en prendre aux personnes, bloquer durablement le pays, ça, ça n’est pas acceptable et ça ne sert pas la cause agricole » fustige Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire de la Forêt. Cette frappe agricole vise avant tout à attirer l’attention du gouvernement et ainsi rouvrir les négociations. Invitée sur le plateau des 4 vérités, l’ancienne présidente des Républicains défend la position du gouvernement face aux tensions croissantes. Elle condamne les débordements survenus lors des récentes manifestations tout en appelant au dialogue pour répondre aux inquiétudes des producteurs : « Ma porte n’est aucunement fermée. Ils ont des exigences. Je pense qu’on peut dialoguer sans violence et sans dégradations ». Alors que la grogne des agriculteurs s'intensifie, ces derniers se disent prêts à bloquer les axes stratégiques dans les heures et les jours qui viennent. Ce qui ne semble pas judicieux à l’approche des fêtes de fin d’année, au regard de la ministre : « Je pense que ce mouvement de sympathie que les Français ont pour les agriculteurs se dissipera » alerte notre invitée. 

Agriculteurs : promesses tenues

Au cœur des débats, l'accord commercial avec le Mercosur et les impacts du changement climatique agitent le monde agricole français. De son côté, la ministre de l’Agriculture a réaffirmé son opposition à tout compromis qui affaiblirait les standards environnementaux ou la compétitivité des filières françaises. Elle a aussi insisté sur l'importance d’un soutien accru pour la transition écologique de l'agriculture, notamment via le budget 2025 récemment présenté : « Avant la fin de l’année, ceux qui ont besoin d’être soutenus dans leur trésorerie seront soutenus et indemnisés. Je m’efforce depuis 50 jours d’agir au plus vite » défend Annie Genevard. Point de blocage absolu, un débat parlementaire sur la question du Mercosur devrait être organisé dans la foulée.