Le salon de l’agriculture débute ce samedi 24 février 2024. Comme le veut la tradition, Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, et invité de l’édition spéciale des 4 vérités en direct du salon de l’agriculture, ira accueillir le président de la République. Malgré les vives tensions suite aux mesures qui n’ont pas convaincu les terriens de France, le chef de l’État a maintenu sa visite. Un grand débat était prévu avec les protagonistes du monde agricole, mais il a finalement été annulé. Arnaud Rousseau indique qu’au vu de ce qui avait été proposé par les représentants de l’État et de ce qui était voulu par les agriculteurs, le décalage était si grand qu’ils ne souhaitaient, de toute manière, pas prendre part à cette conversation.
La politique de la chaise vide n’aurait-elle pas été la bonne méthode pour montrer son mécontentement ? L’agriculteur ne le pense pas. Il a toujours, indique-t-il, favorisé le dialogue. « C’est notre rôle [à lui et à la FNSEA, NDLR] d’être un corps intermédiaire et de parler avec les pouvoirs publics ». Mais ce qui est attendu par les agriculteurs, maintenant, sont des « décisions concrètes »
L’exploitant agricole céréalier indique que si tant de difficultés de trouver un terrain d’entente demeurent aujourd’hui, c’est parce que le sujet de la « juste rémunération » et celle des difficultés des agriculteurs « revient de très loin. »
Ce que les paysans réclament concrètement ? Donner du sens à leur métier, revoir le sujet du juste revenu et changer le rôle de la production, entre autres. Selon Arnaud Rousseau, malgré ses annonces, Gabriel Attal n’est pas proactif et continue de laisser passer des lois qu’ils était censé juguler. Par exemple, celle sur les céréales ukrainiennes, qui vont pouvoir continuer d’être importées sans taxes.
La FNSEA veut que l'agriculture soit reconnue comme d'intérêt général majeur
Le syndicaliste tempère néanmoins, et parle de mesures de simplification du premier ministre qui « vont dans le bon sens », comme celle qui va protéger les éleveurs contre les plaintes pour nuisances sonores et olfactives qui devrait être mise en place très prochainement.
D’autres efforts sont encore à faire. « Par exemple, on veut que dans la loi, l’agriculture soit reconnu comme d’intérêt général majeur », martèle l’exploitant, rappelant les mots mêmes de Gabriel Attal, qui, lors de son discours successif aux blocages et aux manifestations, avait lui-même dit que l’agriculture était « au dessus de tout ».
Vendredi 23 février 2024, les principaux patrons de la grande distributeur, dont E. Leclerc, Carrefour, et Intermarché, ont appelé à étendre les obligations d’Égalim aux acteurs de la restauration hors-foyer ainsi qu’aux grossistes industriels. Arnaud Rousseau est d’accord. «Nous sommes conscients que 40 à 50% de la consommation de nos produits se fait en grand surface (…) mais ils ont en tout cas raison d’écrire qu’une partie importante se fait aussi dans la restauration hors du foyer (…) et il faut évidemment traiter ce sujet. » Comment ? En faisant en sorte que la matière première agricole soit « justement rémunérée », justement.
Pour l’instant, l’opinion publique soutient massivement les agriculteurs. Mais Arnaud Rousseau et les syndicats ne craignent-ils pas un basculement ? Ils se disent prêts à supporter l’agriculture envers et contre tout et assurent que le but est de « continuer à produire pour nourrir les français ». Ils sont conscients qu’il y a encore des progrès à faire, mais souhaitent les faire dans un cadre qui « respecte les biens et les personnes. »