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Jeff Wittenberg reçoit Arthur Dénouveaux, président de l’association « Life of Paris », consacrée aux victimes des attentats du 13 novembre 2015.

Il y a 6 ans, une capitale à feu et à sang dans la ligne de mire Daech qui « voulait punir la France pour ce qu’elle est ». Des tueries perpétrées dans Paris faisant 130 morts, des centaines de blessés, endeuillées des familles et brisées la France par des actes d’une cruauté sans précédent. Rescapé du Bataclan, Arthur Dénouveaux préside aujourd’hui l’association « Life for Paris » dans l’espoir d’apporter son soutien et de venir en aide aux victimes des attentats du 13 novembre 2015. Traversé par un sentiment étrange chaque année à la même date centré sur la mémoire, il concentre toute son énergie auprès des victimes et de leur famille, aujourd’hui devenues des amis, unis et liés dans une expérience tragique. Avec plus de 700 membres à son actif, l’association a plusieurs vocations : « se retrouver pour trouver un chemin collectif, se nourrir les uns les autres de nos expériences pour comprendre où aller […] et travailler sur l’indemnisation, la mémoire, la justice et la préparation du procès ». 


13-Novembre : les débuts hors-normes d'un procès historique  


Deux mois se sont écoulés depuis le début des procès du 13-Novembre, le premier pas vers la libération et la reconstruction entre les mains de la justice. Dans le box des accusés, ceux qui ont commandité, participé, collaboré aux attentats face à des victimes à vif. Après des dizaines de témoignages, quel sentiment les anime ? « Vous n’aurez pas ma haine » : au lendemain des attentats, les mots d’Antoine Leiris, victime endeuillée, résonnent encore dans les esprits. Un ligne de conduite et une force de caractère qui dominent l’ambiance générale des procès même si cela reste « un objectif inatteignable » pour certaines victimes. Arthur Dénouveaux nous rappelle avec beaucoup de sagesse que « La haine n’est pas constructive ».  Alors que le principal accusé, Salah Abdeslam n’hésite pas à se plaindre des conditions de détention sans une once de remords pour les victimes, la stupéfaction laisse place à l’indignation et l’amertume bien qu’il « accepte le processus judiciaire ». 

Ce procès est aussi la mise en cause des dysfonctionnements de l’État et des services de renseignement qui n’ont pas su prévoir cette tragédie. François Hollande alors Président de la République au moment des faits s’est exprimé le 10 novembre à la barre des témoins. Son audition a-t-elle été éclairante ? Notre invité constate simplement que « l’on ne pouvait pas faire mieux à l’époque mais qu’on savait faire mieux en dotant nos services de plus de moyens ». Victime malencontreuse d’un « trou dans la raquette », ce survivant du Bataclan réalise ce coup de malchance aux prix de centaines de victimes. Mécontentement des anomalies gouvernementales et mécontentement de la gestion post-attentat contre la froideur administrative et la mise en place du fond d’indemnisation : Arthur Dénouveaux essaie de pallier les carences étatiques « Les associations sont là pour ça ». Plus qu’une oreille attentive et une écoute salvatrice, le président de Life of Paris accompagne les victimes à toutes les étapes du deuil, à commencer par les soulager de la charge administrative.

Quel avenir pour l’association Life of Paris ? La fin du procès va-t-elle sonner le glas pour ouvrir une nouvelle page vierge sur laquelle réécrire l’histoire ? « À la fin des procès, il sera temps pour nous de donner un horizon assez proche pour nous dissoudre ». Pour Arthur Dénouveaux, on peut conjuguer le fait d’être une victime au passé et continuer à mener sa vie sur une base moins tourmentée. Pour l’heure, place à la commémoration et aux hommages aux victimes disparues qui laissent une empreinte indélébile. Une cérémonie aura lieu à 9h en présence du Premier ministre, Jean Castex, au Stade de France.