Située à 150 kilomètres des côtes tunisiennes, l’île de Lampedusa en Italie est devenue depuis quelques jours un lieu d’exode pour des milliers d’immigrés. Face à ce flux migratoire de plus en plus important, la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni, a annoncé des mesures extraordinaires et a exhorté les États européens à prendre leur part de responsabilité en accueillant à leur tour ces réfugiés qui se comptent par milliers. Alors que le Rassemblement National et Les Républicains ont pondu un texte sur la question migratoire, comment la France se positionne-y-elle face à l’appel de la Première ministre italienne ? Pour Aurore Bergé, ministre des Solidarités et des Familles, c’est « une gageure ». Elle compte sur la présidente de la commission européenne pour statuer sur le sort de ces immigrés qui ont trouvé refuge sur l’île de Lampedusa. « Si on veut mieux maîtriser les flux, il faut faire en sorte à la fois de les tarir. C’est la question du co développement et de comment on évalue ceux qui peuvent demander l’asile » explique notre invitée au micro de Thomas Sotto. Cette situation critique aux frontières nous ramène à cette phrase prononcée par Michel Rocard : « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde mais doit prendre sa part ». De manière plus pragmatique, Aurore Bergé rappelle que c’est au pays d’accueil, l’Italie, de faire en amont ce travail de répartition. En France, depuis 2023, le gouvernement est parvenu à démanteler plus de 200 réseaux de passeurs : « C’est ceux qui se jouent de la misère, qui arnaquent, qui volent ces personnes et qui leur font prendre des risques inouïs » fustige la ministre des Solidarités qui condamne sévèrement ce trafic et appelle à « une fermeté absolue ». Premier cheval de bataille de l’extrême-droite, Marine Le Pen a demandé un référendum sur la question migratoire. Un texte qui comporte une batterie de mesures extrêmement restrictives pour lutter contre l’immigration. Si Aurore Bergé ne se prononce pas sur ce projet de loi, elle ne croit pas que cela permettrait d’endiguer la question migratoire de plus en plus soumise aux phénomènes climatiques. Si le gouvernement n’a pas pour ambition d’être un véritable garde-frontière comme s’en targue le Rassemblement National, leur enjeux est d’abord « de tarir à la source avec des règles qui sont très fermes et qui sont partagées au sein de l’Union européenne ».
« Plan pauvreté » : ce qui va changer
Longtemps reporté et mis au second plan, le Pacte des Solidarités a enfin été présenté par la Première ministre Élisabeth Borne. Un plan particulièrement attendu au vu de l’inflation record et du cri de détresse de nombreuses associations qui luttent sur le terrain contre la pauvreté. Face à une hausse des prix dissolue qui étrangle les Français, il vise à « apporter des réponses aux Français dans la précarité avec une augmentation de 50 % des crédits de lutte contre la pauvreté » a rappelé la résidente de l’hôtel de Matignon. Concernant la pauvreté qui sévit dans le pays, elle touche plus de 9 200 000 personnes rien que dans l’Hexagone soit 15% de la population, ce qui fait qu’une personne sur dix est obligée de rogner sur son budget alimentation et sur le chauffage. Telle est l’ampleur de ce chantier titanesque auquel s’attaque le gouvernement. Combien l’exécutif va-t-il mettre sur la table ? « Très concrètement, il y a 20 milliards d’euros dédiés à notre action contre la pauvreté » affirme Aurore Bergé avant d’évoquer dans les grandes lignes le plan d’action déployé par le gouvernement à savoir « Un soutien très direct sur les publics qui sont les plus fragiles notamment la question des enfants et aussi des actions structurelles avec le retour à l’emploi […] et d’enlever des freins objectifs comme la garde d’enfants ». Au-delà de ces nouvelles mesures pour lutter contre la pauvreté, la ministre des Solidarités rappelle que la France bénéficie « d’un modèle social extrêmement robuste et redistributif qui évite à cinq millions de personnes de tomber dans la pauvreté ». Et d’encourager la contribution des Français grâce aux impôts pour lutter efficacement contre ce fléau.
Cette rentrée scolaire a aussi été marquée par un constat effarant des associations : le mal-logement des enfants, victimes collatérales de cette pauvreté. Des études récentes recensent 80 000 enfants mal-logés, placés en hébergement d’urgence, en hôtel social ou dans le pire des scénarios, à la rue. Pour protéger les enfants, le gouvernement a prévu dans ce pack des Solidarités de verrouiller et de sécuriser les hébergements d’urgence. Ce qui n’endigue pas le problème de la scolarisation de ces enfants : « Là où il y a quelque chose d’invraisemblable et d’indigne, c’est que la moitié de ces enfants n’est pas scolarisée » déplore Aurore Bergé. Derrière ce constat se cache un autre problème sous-jacent : la malnutrition infantile qui touche de plus en plus d’enfants notamment dans les territoires d’Outre-mer. Quelle réponse le gouvernement peut apporter à ces jeunes qui ne mangent pas à leur faim ? Pour Aurore Bergé, c’est « un trou dans la raquette ». En effet, elle reconnaît volontiers que les territoires ultra-marins avaient été totalement exclus du précédent plan des Solidarités. Une aberration alors le taux de pauvreté est 5 à 15 fois supérieur dans ces régions. « On va renforcer cette action. Il y a 50 millions d’euros très spécifiques notamment sur l’école, les manuels scolaires, la cantine à 1€, les petits déjeuners gratuits » précise notre invitée.
Manger coûte de plus en plus cher. En ces temps d’hyper-inflation alimentaire, la grande distribution et les industriels connaissent-ils suffisamment le sens du mot solidarité ? En effet, peu de distributeurs sont prêts à renoncer à leurs profits et à baisser la note lors du passage en caisse, malgré les appels du pied du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. De son côté, Aurore Bergé réunit cette semaine les acteurs de l’agroalimentaire qui veulent réellement s’engager au quotidien. « Il faut que collectivement ils fassent plus et pas que chacun se renvoie la balle […] l’idée c’est de protéger l’emploi parce que la meilleure des protections pour le pouvoir d’achat, c’est de garantir que les Français aient accès à un emploi qui soit rémunérateur » martèle la ministre qui écarte une nouvelle valorisation des minimas sociaux malgré l'alerte des associations et des députés sur le banc de l’opposition.