Le jeudi 17 juin 2021, Benoît Hamon était l’invité des 4 vérités sur France 2.
Alors que les élèves de première et Terminales débutent, jeudi 17 juin, les épreuves de français et philosophie du baccalauréat, l’ancien ministre de l'Éducation nationale, Benoît Hamon a donné son avis sur la potentielle dévalorisation du diplôme dans le contexte actuel partagé entre la crise sanitaire et la réforme Blanquer. « Il peut y avoir un peu de frustration à l’idée que le contrôle continu se soit substitué à l’épreuve finale et que les conditions dans lesquelles ils l’ont préparée étaient très difficiles », a estimé celui qui a créé son propre mouvement, Génération.s avant d’annoncer son retrait de la vie politique.
Jean-Michel Blanquer, actuel ministre de l’Éducation nationale, avait-il raison de demander de la bienveillance sur la notation ? « Oui, mais il y a tellement d’inégalités dans le système scolaire français. Des inégalités auxquelles ne s’est pas attaqué Jean-Michel Blanquer et qui mettent en situation de difficulté des jeunes femmes, des jeunes hommes, des adolescents, qui ont toute l’intelligence et les capacités pour faire de belles études, mais parce qu’ils sont mal nés, ont une origine sociale modeste, n’auront pas les mêmes chances pour passer le baccalauréat », a estimé l’ancien candidat à l’élection présidentielle du PS. Et de préciser : « On continue à parier sur la compétition, le tri par l’échec, la sélection des meilleurs, le fait de classer pour préparer des élites. Le siècle qui s’ouvre appellera à une grande capacité d’adaptation des individus et des groupes. Il faudrait donc davantage parier sur la coopération et l’intelligence collective », a estimé l’ancien porte-parole du parti socialiste.
Concernant le grand oral, la grande nouveauté du Bac 2021, le fait d’évaluer la prise de parole à l’oral est-il une bonne chose ? « C’est une bonne chose. La question est de savoir si les attendues de ce grand oral sont réunies ou pas ». Pour l’ancien ministre, le système doit s’adapter aux enjeux de demain et faire l’objet d’un grand projet éducatif. « Cela va être important pour les jeunes adultes de demain, de savoir prendre de la distance sur les images et les informations, d’avoir l’esprit ouvert sur les connaissances... », a-t-il souligné avant de donner son avis sur le bilan de la politique appliquée par Jean-Michel Blanquer. « Tout n’est pas mauvais. Par ailleurs, je demande du temps pour le juger. Il s’est distingué par une approche très idéologique de l’enseignement supérieur et de l’école. J’ai été frappé par cette croisade à laquelle il s’est livré avec Madame Vidal (ministre de l’Enseignement supérieur NDLR) vis-à-vis de la recherche académique sur l'islamo-gauchisme. (…) Ce n’est pas de nature à apaiser le climat dans l’école », a-t-il expliqué au micro de Caroline Roux.
Régionales : que joue la gauche ?
Trois jours avant le premier tour des élections régionales, le Premier ministre Jean Castex a annoncé la fin du port du masque en plein air. « Ce n’est pas une mauvaise chose. On a tous envie de faire la fête, de se retrouver en extérieur », a réagi Benoît Hamon, qui est aussi candidat dans les Yvelines, en soutien au candidat écologiste de la région Île-de-France Julien Bayou. Cette décision aura-t-elle un impact sur le scrutin ? « Non, le Premier ministre s’est déjà livré à une initiative qui consiste à nationaliser le scrutin en PACA. Résultats des courses ? On a Mariani en tête (candidat du Rassemblement national NDLR). Je ne crois pas que ce soit une bonne initiative », a-t-il estimé, déplorant le « virage à droite » du gouvernement. « On ne peut pas diaboliser la gauche et les écologistes et dédiaboliser les idées de l’extrême droite en reprenant ses idées », a-t-il analysé.
À un an de l’élection présidentielle, quel est le rôle de la gauche dans les élections régionales ? « Il y aura forcément des leçons qui seront tirées. La gauche peut gagner peut-être une, deux ou trois régions. La préoccupation écologique, le défi climatique et ce que cela amène à repenser sur la redistribution des richesses et le changement de modèle de développement est en train de s’encastrer dans les grands défis de la gauche. (…) Mais il faudra aussi que la gauche ait un projet », a-t-il conclu.