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L’installation de Michel Barnier à Matignon n’est pas une mince affaire. En effet, le nouveau Premier ministre doit faire preuve d’une extrême prudence et de beaucoup de diplomatie pour parvenir à réconcilier les forces politiques du pays. Affilié au ministère des Affaires étrangères sous Jacques Chirac, ancien négociateur en chef du Brexit… C’est un tout autre défi qui attend désormais le favori d’Emmanuel Macron. Ce dernier se heurte à la résistance de la gauche, qui voit sa nomination comme un affront supplémentaire, une rupture définitive avec le gouvernement. La pression est montée d’un cran sur le nouveau Premier ministre, sous le coup d’un ultimatum lancé par Éric Coquerel. Le président de la commission des Finances a bien l'intention d’aller toquer à la porte de Matignon pour se procurer les lettres plafonds, des documents extrêmement sensibles pour constituer le budget. Et le député LFI ne ménage pas ses efforts pour mettre le gouvernement devant ses responsabilités : « Il faut qu’on ait ses lettres de plafond, il faut qu’il nous dise aujourd’hui le budget. C’est aujourd’hui qu’on lui demande sa réponse sinon, avec Charles de Courson, nous irons demain à Matignon » alerte notre invité. Une décision sans appel suivie de part et d’autre de l’échiquier politique : « Il y a une loi organique constitutionnelle qui fixe le fait que nous ayons le document budgétaire fin juillet. Rendez-vous compte du nombre de semaines de retard. Je sais qu’Emmanuel Macron a tendance à s’essuyer sur la représentation nationale » assène le député LFI. Pour le président de la commission des Finances qui a le nez dans les comptes, la situation présentée est alarmante pour la Cour des comptes. Avant la dissolution, l’ancien ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, demandait 15 voire 20 millions d’euros de ratification sur le budget. Une chasse aux économies drastiques sur laquelle ne s’aligne pas Éric Coquerel qui refuse de tailler dans le budget pour redresser la situation. « Quand vous avez une période de reflux de l’activité économique comme c’est le cas aujourd’hui […] quand vous baissez les dépenses publiques, ça a un effet récessif. C’est une question d’équilibre. Les dépenses publiques c’est aussi des recettes » explique notre invité. Ce dernier déplore la politique macroniste qui « profite aux plus riches » : « Les 500 plus grandes fortunes de France ont vu, sous Emmanuel Macron, leur patrimoine passer de 20 à 45% du PIB ». Et si la solution se trouvait dans les recettes des super-profits comme le scande depuis des années La France Insoumise ? C’est en tout cas le parti d’Éric Coquerel : « Si on reprend cet argent, on peut réduire à terme le déficit mais en plus on pourra investir en matière de bifurcation écologique, d’éducation, de santé. Beaucoup de domaines où l’on sait que la France pâtit aujourd’hui » poursuit notre invité.

Impôt, retraite… Quid de la reprise de Michel Barnier ?

La nomination de Michel Barnier à Matignon divise. Pas un jour ne s’écoule sans que la gauche n’étrille le nouveau Premier ministre, pourtant rodé à l’exercice, dont les débuts semblent plus difficiles qu’il y a quelques années. Après s’être attiré la foudre des Écologistes en faisant campagne pour la chasse, Michel Barnier continue de faire l’objet de toutes les crispations. Capable de rassembler pour les uns, stricte prolongement de la politique macroniste pour les autres… Le programme de cet ancien négociateur en chef est loin de faire l’unanimité. Pourtant, ce dernier tente de se rapprocher de la gauche en faisant quelques appels du pied à certaines personnalités à l’instar du maire de Saint-Ouen ou Olivier Le Foll. Tous sans exception  sont restés sourds à ses avances. « C’est un grand gouvernement de perdants […] ce qui m’intéresse c’est le programme et c’est la continuité du macronisme qui a été battu aux élections législatives. Il y a un vrai déni démocratique » martèle Éric Coquerel.

Lors de sa première allocution en tant que Premier ministre, Michel Barnier s’est dit favorable à une plus grande justice fiscale, ce qui pourrait prendre effet sur la flat taxe des revenus du capital. Une proposition qui devrait séduire et radoucir le président de la commission des Finances à son propos. « Je veux voir sur les faits […] mais ça tombe bien parce que dans ma commission, nous allons proposer les amendements qui déclinent le programme du NFP et qui taxe le capital. On peut récupérer à mon avis sur plusieurs années 50 milliards d’euros rien que sur cette question » affirme notre invité.  Idem sur la réforme des retraites, Michel Barnier n’est pas fermé à un débat sur l’amélioration de la réforme tant décriée tandis que la gauche continue de scander son abrogation. « Le résultat des législatives lui dit qu’il faut abroger cette réforme des retraites. C’est ce qu’on va essayer de faire dans les trois mois à venir […] on va y arriver »  confirme Éric Coquerel.