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Si la réforme des retraites divise plus que jamais les députés, elle a le mérite d’unir les syndicats. Pour la première fois depuis 12 ans, ces derniers font front commun pour s’opposer au projet de loi qu’ils considèrent comme étant injuste et injustifié. Une lutte commune qui les conduira à manifester jeudi 19 janvier 2023 et auquel s’ajoute un mouvement de grèves massif, au risque de paralyser les transports publics. « Ça sera une journée difficile à l’évidence. Ce sera un jeudi de galères et de fortes perturbations dans les transports » concède Clément Beaune qui appelle les Français à reporter leurs déplacements ce jeudi noir. Depuis les fêtes de fin d’année, une vague de grèves sévit au sein de la SNCF. Après avoir obtenu une augmentation de salaires, la mobilisation monte en puissance sous l’égide des syndicats qui refusent en bloc la réforme des retraites. Un plan de grève qui pénalise néanmoins les usagers, au grand désarroi du ministre délégué chargé des Transports : « Il y aura un impact très fort sur les usagers. C’est ça qui m’importe aujourd’hui. Il faut s’y préparer et l’anticiper autant qu’on le peut et que cela ne durera pas surtout » déplore-t-il.  Pour éviter un blocage permanent, le gouvernement souhaite privilégier « le dialogue social » pour accompagner la réforme et sortir de l’impasse. À seulement deux semaines des premiers départs en vacances, faut-il se préparer une nouvelle fois à faire une croix dessus ? C’est une hypothèse que n’écarte pas Clément Beaune qui craint « des grèves reconductibles ». « On fera tout pour minimiser ces perturbations et trouver au-delà de la réforme des retraites d’avoir un accompagnement qui permet de trouver le plus possible de solutions dans ces entreprises » poursuit-il. En dépit des efforts déployés par le gouvernement pour stabiliser le dialogue avec les syndicats, la RATP a déjà annoncé son plan d’action avec un objectif zéro transport pour faire plier les réformistes. Une menace préoccupante pour les millions de Français qui utilisent les transports en commun. « On sera dans une situation de transports abîmés, atténués ce jeudi » explique notre invité qui privilégie l’anticipation plutôt que la mise en place d’un service minimum. La solution proposée par le gouvernement face à ces perturbations de grande ampleur ? Des délais en entreprise rallongés et une meilleure organisation pour pérenniser la période des départs en vacances. Des recommandations en-deçà de la réalité à laquelle sont confrontés les usagers des transports depuis septembre. « C’est très dur. Il y a des temps d’attente qui sont insupportables et qui sont indignes de nos transports publics. Il y a eu une demande de rétablissement de l’offre, surtout une action de la RATP. J’ai pris l’engagement avant même les vacances de Noël qu’on rétablisse la situation normale au printemps » informe Clément Beaune qui se félicite de l’effort de formation inédit à la RATP avec plus de 4500 recrutés en 2022. 

Le mouvement contestataire de jeudi va non seulement impacter fortement les transports en commun mais également le secteur pétrolier. Si actuellement aucune raffinerie n’est en grève dans le pays, le gouvernement reste sur sa réserve. Doit-on s’attendre à une pénurie d’essence dans les prochaines semaines ? « Il y a des stocks. Il n’y a pas de pénurie organisée comme on a pu le connaître ces dernières semaines […] si il n’y a pas un besoin particulier aujourd’hui, il vaut mieux être civique, prudent et ne pas se ruer dans les stations services » tempère l’ancien député. 


Grèves, manifs : quelle réponse à la rue ?


La Fédération CGT de l’énergie menace de s’occuper des élus qui soutiennent la réforme des retraites avec des coupures ciblées. « Tout ce qui consiste dans du blocage, de la menace, de la stigmatisation politique, on est plus dans le cadre syndical ni dans le droit de grève » lâche notre invité avant d’exposer la marche à suivre avant les manifestations de jeudi. Comment le gouvernement va-t-il encadrer ces mobilisations contre une réforme qu’il compte déposer coûte que coûte ? « Il faut expliquer le contenu de la réforme […] il faut expliquer pourquoi c’est nécessaire. C’est pour sauver notre système de retraites » tente d’éclaircir Clément Beaune tandis que les grévistes appellent au rétablissement des régimes spéciaux. « On est dans une logique d’équité. On demande à tout le monde de travailler un peu plus longtemps. Je ne saurais pas expliquer qu’on exonère de cet effort une partie de ce qu’on appelle les régimes spéciaux […] en pratique ça ne changera pas beaucoup pour les gens qui font déjà des efforts » défend l’ex ministre délégué chargé de l’Europe.