Lundi 23 janvier 2023, le gouvernement a porté son projet de loi sur les retraites en Conseil des ministres. Une réforme qu’il considère sur les rails malgré la pluie battante de critiques et une mobilisation sévère. Sans surprise, Emmanuel Macron est resté inflexible sur l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Les syndicats et l’opposition quant à eux ne comptent pas battre en retraite et appellent à la mobilisation pour faire plier le gouvernement. « Ce bras de fer est maintenant engagé avec le gouvernement » affirme Clémentine Autain qui observe un front politique uni face à une majorité de marbre. « Nous avons de quoi faire monter en puissance la mobilisation. J’ai l’impression que le gouvernement peut être retoqué par la rue mais aussi par le Conseil constitutionnel puisque les méthodes qu’il emploie son très brutales » souligne la conseillère régionale d’Île-de-France alors que l’exécutif vient de dégainer l’article 47-1 afin d'inclure la réforme des retraites dans le projet de finances rectificatives de la Sécurité sociale. « Il s’agit de faire travailler les Français deux ans de plus. Qui va payer la facture des choix politiques du gouvernement au service des grands groupes économiques et au service des hyper-riches ? Ce sont les plus modestes » martèle notre invitée. Dans le camp de la NUPES, la bataille législative ne fait que commencer pour faire pression sur le gouvernement concernant cette question épineuse qu’est le recul de l’âge légal de départ à la retraite. Une nouvelle mobilisation est organisée le 31 janvier. Mais le mouvement ne risque-t-il pas de s’essouffler ? Pour Clémentine Autain, il faut mettre en place des actions coup de poing à commencer par des vagues de grèves, des assemblées générales et des meetings. Un programme qu’a déjà commencé à suivre la NUPES et les syndicats engagés dans cette lutte. Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez a récemment ciblé les mastodontes français à commencer par Vincent Bolloré qu’il a sévèrement pris à partie. En effet, cette réforme exclut les milliardaires de cet effort financier collectif. « Dans les entreprises du CAC 40, 80 milliards d’euros ont été redistribués en dividendes » dénonce Clémentine Autain qui souhaite la mise en place d’un système par répartition plus juste. Si Élisabeth Borne s’est dite ouverte pour effectuer quelques ajustements sur cette réforme, l’opposition risque de jouer le jeu de l’obstruction. Une tactique que craint le gouvernement qui a déjà anticipé de dépôts en masse d’amendements. « Si nous n’avons que 20 jours […] notre enjeu c’est d’avoir un débat sérieux sur le fond mais d’arriver jusqu’à l’article 7 pour pouvoir débattre de tout ce qui a dans la loi dans les 20 jours qui sont contraints » rétorque notre invitée qui appelle les citoyens à se rassembler le 31 janvier, seul moyen de pression que peut employer l’opposition.
Retraites : ça se crispe !
Parmi les fervents défenseurs du chef d’État, Jean-Pierre Raffarin a lynché la NUPES qu’il accuse de ne pas rassembler mais d’exciter et d’intensifier sa propre mobilisation. Un argument irrecevable pour Clémentine Autain alors que certains ministres en exercice peine à défendre ce projet de loi, à l’instar de Franck Riester qui a reconnu que la réforme va, de facto, pénaliser les femmes. Du pain béni pour l’opposition qui ne cesse de retoquer le gouvernement face à un projet de loi injuste et impopulaire.
À gauche comme à droite, les députés tentent de faire bouger les lignes. Pour contrecarrer le passage en force du gouvernement, Marine Le Pen veut un référendum. L’ancienne cheffe de file du RN va déposer une mesure référendaire dans les jours à venir. « Pour l’instant ce n’est pas la méthode qu’on a retenu […] le problème c’est qu’on est pas dans cette temporalité là. Je pense que pour l’instant c’est pas la mobilisation sociale à laquelle l’extrême droite ne participe pas » explique la députée LFI de Seine-Saint-Denis.