Emmanuel Macron poursuit sa tournée « d’apaisement ». Dans le cadre de ses « cent jours » pour relancer son second quinquennat, le chef de l’État était dans le Doubs pour célébrer la journée l’abolition de l’esclavage, jeudi 17 avril 2023. Quelques heures auparavant, il était en déplacement dans le Jura. Une nouvelle fois arrêté par des manifestations clandestines, le président de la République a notamment tendu la main aux élus locaux. « Emmanuel Macron est au pouvoir depuis presque 10 ans, entre sa période de François Hollande et son quinquennat. Et on en arrive à toujours avoir l’impression qu’on est en début de quinquennat, avec des grandes annonces. On nous annonce de la décentralisation. (…) La réalité c’est qu’il y a une recentralisation du pouvoir, une bureaucratie croissante. Nous sommes face à des injonctions contradictoires », commente David Lisnard, président de l’Association des maires de France, invité des 4 Vérités, vendredi 28 avril. En début de semaine, dans un entretien au journal le Parisien, Emmanuel Macron un grand projet de restauration écologique des écoles. L’objectif ? En finir avec les passoires thermiques et contribuer à réduire nos émissions de gaz à effet de serre. « C’est une dépense exclusive des mairies. On engage un plan national qui engage la dépense des autres tout en privant de recettes les villes et dans un pays qui augmente ses prélèvements », réagit l’édile de Cannes, qui fustige la « bureaucratie ».
Mercredi 26 avril, la Première ministre, Élisabeth Borne a présenté sa feuille de route des "cent jours d'apaisement et "d’action" voulue par Emmanuel Macron jusqu’au 14 juillet. « Ce qu’on souhaite en tant qu’élu local, c’est qu’on sorte de l’infantilisation et de la tutellisation. On veut en finir avec ces postures qui consistent, de temps en temps, à nous flatter, de temps en temps, à annoncer des objectifs nationaux qui sont, en fait, du seul ressort des élus locaux », explique David Lisnard au micro de Guillaume Daret. « Je ne fais aucun procès d’intention à la Première ministre qui est une personne respectable et loyale à son président et veut servir son pays. (…) Ce que l’on souhaite c’est être responsable, rendre des comptes, on est mandaté par les habitants », précise-t-il, estimant qu’il y a une « crise de l’exercice du pouvoir ».
Dans ce contexte politique tendu, qui fait suite à l’adoption de la réforme des retraites par le 49.3, Emmanuel Macron a reporté le projet de loi Immigration à l’automne, faute de majorité. Invitée des 4 Vérités, jeudi 27 avril, sur France 2, le chef du gouvernement a appelé le groupe Les Républicains à construire un consensus. « Tout ça est une posture. (…) La réponse a été très claire, de la part d’Eric Ciotti, Olivier Marleix et Bruno Retailleau. Nous avons un projet législatif radical pour couper le robinet de l’immigration aujourd’hui », affirme David Lisnard. Les Républicains peuvent-ils passer un accord de gouvernement avec Emmanuel Macron et
Élisabeth ? « Face à la crise démocratique et civique grave, nous devons proposer une alternative puissante, crédible et raisonnable. Pour cela, il ne faut pas se fourvoyer avec un pouvoir dont la façon de gouverner conduit à l’échec », souligne l’édile. Depuis quelque jours, les rumeurs enflent autour d’une nomination du président LR du Sénat, Gérard Larcher, à Matignon. Une hypothèse que les élus Les Républicains estiment peu probable. « Cela ne changerait rien. D’une part, la Macronie est un archipel très divisé aujourd’hui. D’autre part, le président de la République est habitué à tout centrer sur lui. Le problème, au-delà d’un manque de majorité, c’est son manque de projet, de souffle de vision pour le pays. Notre pays a tout pour rebondir mais il est aujourd’hui en effondrement sur ses comptes publics, avec des bombes à retardement à fragmentation avec le 'quoi qu’il en coûte' qui vont nous pénaliser. Nous dépensons plus que nous produisons. Il faut un vrai plan de redressement de la France », affirme David Lisnard.
2027 : qui sera candidat à droite ?
En vue de l’élection présidentielle de 2027, Eric Ciotti se dit favorable à la suppression de la primaire de la droite pour choisir le candidat. « C’est qui est certain c’est que l’on doit avoir un mode de sélection qui soit suffisamment tôt pour préparer le candidat ou la candidate qui sera retenu. La dernière fois c’était trop tard », commente David Lisnard, désireux de créer une « épopée positive », à travers son mouvement national baptisé « Une Nouvelle Énergie », qu’il a lancé en juin 2021, en vue de peser dans la nomination du candidat LR à l'élection présidentielle de 2022.