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Au lendemain des Européennes, l’heure est à la remise en question pour le camp d’Emmanuel Macron. En effet, la liste Renaissance portée par Valérie Hayer essuie un échec cuisant avec un score bien en deçà des estimations, largement devancé par le Rassemblement National. En réponse à cette défaite électorale, le chef de l'État a pris une décision radicale : dissoudre l’Assemblée nationale pour « redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote ». Une initiative lourde de sens visant à redéfinir la dynamique politique et à restaurer la confiance des électeurs en son leadership, tout en cherchant à regagner un soutien populaire affaibli par la déroute électorale de sa tête de liste. Les Français seront donc attendus aux urnes le 30 juin et le 7 juillet. 

Aujourd’hui présidente d’une Assemblée dissoute, Yaël Braun-Pivet approuve cette décision « parce qu’il est important de regarder les choses en face et d’écouter ce que nous disent les Français ». Fervente partisane du dialogue, des accords, des recherches de compromis et de consensus, cette figure de la majorité présidentielle aurait néanmoins préféré une autre issue comme celle d’une coalition ou d’un pacte de gouvernement. De son côté, Raphaël Glucksmann, tête de liste du PS, qui arrive en troisième position au coude-à-coude avec la majorité, condamne cette décision qu’il qualifie de dangereuse pour la démocratie française et les institutions : « Emmanuel Macron a obtempéré aux exigences de Jordan Bardella ». Selon lui, c’est désormais le RN qui mène la danse de la vie politique française. « Je pensais qu’on allait réussir à faire différemment, à réunir les énergies pour pouvoir avancer dans le sens de l’intérêt général. Ça, c’est raté » constate Yaël Braun-Pivet qui tire le premier bilan de cette ancienne Assemblée disparate qui n’a jamais su « dépasser ces querelles partisanes, ces idéologies de partis pour construire ensemble l’avenir du pays ». 


Dissolution : un tapis rouge pour le RN ? 


Organisées sur le tard, les élections législatives se joueront dans moins de trois semaines. Et certaines personnalités politiques y voient un trop plein de complaisance à l’égard de Jordan Bardella à la tête du Rassemblement National. En effet, cette décision a provoqué un séisme politique en France, ouvrant une nouvelle ère d'incertitude et de réajustement stratégique. Pour le RN, cette dissolution pourrait s'apparenter à un véritable tapis rouge. Fort de son succès aux élections européennes, c’est une nouvelle opportunité  de consolider son influence et de transformer sa dynamique électorale en pouvoir législatif. Le parti espère capitaliser sur la désillusion des électeurs vis-à-vis des partis traditionnels pour accroître sa présence au sein de l’Assemblée, affirmant ainsi son rôle de force d’opposition dans le paysage politique. Pour Yaël Braun-Pivet, l’enjeu de cette élection est toute autre. Cette dernière compte bien regagner la confiance des Français : « Il y a un chemin à montrer aux Français […] pour pouvoir engager la France sur les bons rails, le Président a besoin d’une majorité solide qui va devoir se constituer, se reconstruire » explique notre invitée. Un pari bien ambitieux à l’heure où la candidate Renaissance n’a obtenu que la moitié du score du Rassemblement National… « On a jamais raison tout seul. On a besoin de coopérer avec les autres […] j’en ai marre de cette vie politique où l’on se renvoie continuellement la responsabilité des échecs » martèle la présidente de l’Assemblée nationale qui appelle à une « majorité cohérente pour diriger le pays » et « loin des extrêmes ». 

Si le Rassemblement National se félicite d’un tel score aux Européennes, il n’en ressort pas complètement gagnant. En effet, l’abstention reste majoritaire et ce scrutin ne fait pas exception à la règle. Près de 60% des électeurs ont choisi de ne pas se rendre aux urnes, soulignant une méfiance persistante envers les institutions européennes et une désillusion face aux promesses non tenues. Ce niveau record d'abstention met en lumière les défis auxquels sont confrontés les partis politiques pour mobiliser les électeurs et réengager la population dans le processus démocratique. Pour Yaël Braun-Pivet, ce désintérêt politique menace la démocratie : « Les populistes ont gagné et progressé dans l’Europe entière. C’est l’État de droit qui est menacé. La démocratie est en danger quand les populistes gagnent » affirme notre invitée. 

À l’instar de la présidente de l’Assemblée nationale, François Bayrou, allié MODEM, appelle à une « refondation » qui a mené selon eux à « une réussite sur le chômage, sur la réindustrialisation, le retour à une souveraineté économique et sanitaire ».