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Le salon international de l’agriculture se poursuit à Paris, sur fond de tensions dans l’ensemble du monde agricole. Les producteurs manifestent leur colère notamment autour de l’augmentation des charges et la baisse des prix du marché dans la grande distribution. Et ce, malgré la loi Egalim, qui entend maintenir l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole. Aujourd’hui, de nombreux producteurs déplorent vendre à perte. « EGalim a fait faire des progrès, c’est incontestable. Le choc inflationniste a complexifié les choses l’année dernière. Je propose d’aller sur un EGalim IV et d’inverser la chose : que les industriels se mettent d’accord avec les producteurs à leur conditions en amont, et après nous on acceptera », explique Dominique Schelcher, directeur général de Système U, jeudi 29 février, invité des 4 Vérités sur France 2, en direct du Salon de l’Agriculture, qui se tient jusqu'au 3 mars prochain. 

En visite marquée par de nombreux heurts, sur le Salon de l’Agriculture pendant près de 13 heures, samedi 24 février, Emmanuel Macron a évoqué l’instauration d’un « prix plancher » dans chaque filière, afin de protéger les revenus des agriculteurs. « C’est une fausse bonne idée, le prix plancher pourrait très vite devenir le prix plafond », estime Frédéric Epineau, producteur de lait dans l’Orne et président de l’Organisation des producteurs Lactalis du Grand Ouest, aussi présent sur le plateau des 4 Vérités. Du côté des industriels, cette mesure interroge tout autant. « On a besoin d’éléments, de comprendre. Pour l’instant, nous sommes en attente et nous avons plutôt des interrogations », commente Dominique Schelcher. Durant sa visite mouvementée, le chef de l’Etat a, entre autres, proposé des aides à la trésorerie d’urgence pour les agriculteurs en grande difficulté financière. Mais ces derniers souhaitent des mesures sur le long terme : « Les aides, y'en a assez. Les producteurs veulent vivre de leur métier. On est en train de perdre des agriculteurs tous les jours. Ça suffit maintenant. Ça fait 30 ans que ça dure, 30 ans de beaux discours. On ne peut plus accepter cela », fustige Frédéric Epineau. 

Centrales d’achat : le double langage de la grande distribution 

Autre sujet de litige, la délocalisation des centrales d’achat par les acteurs de la grande distribution comme E.Leclerc, Carrefour et Super U, qui leur permet de peser sur les prix payés aux fournisseurs et de faciliter le contournement de la loi EGalim, censée protéger le revenu agricole. « Nous avons une centrale européenne. Il faut sortir des caricatures. Ces discussions ne concernent que 40 multinationales face auxquelles nous-mêmes ne pouvons pas grand chose. Fixons des règles différentes », souligne Dominique Schelcher, qui se dit favorable à discuter du cas Lactalis. « Ce n’est pas pour contourner la loi. Cette collaboration européenne existait déjà. On est le seul des trois contrats à s’engager à respecter EGalim », précise-t-il.