Cinq ans au ministère de l’Éducation… C’est le record de longévité réalisé par Jean-Michel Blanquer pendant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron. Remercié puis remplacé par l’historien Pap Ndiaye en mai 2022, ce dernier s’était finalement retiré de la vie politique. Aujourd’hui, l’ancien ministre de l’Éducation semble bien déterminé à revenir dans la course grâce à Terra Academia, une nouvelle école de la transformation écologique en partenariat avec Veolia. Implantée à Paris, à Arras et bientôt dans le Calvados, cette institution, fruit de la vision éducative de Jean-Michel Blanquer, vise à révolutionner l'apprentissage en intégrant les enjeux environnementaux au cœur de son programme. Avec une approche holistique, Terra Academia promet de former les futurs leaders conscients et engagés pour un avenir durable. « Le but c’est de former aux métiers dont on a besoin pour la transformation écologique […] il va y avoir 400 000 emplois créés autour de ces sujets […] il s’agit de regarder les besoins locaux et de voir quelles formations sont nécessaires et de le faire avec les acteurs locaux » explique notre invité ce jeudi 2 mai 2024.
Le titulaire du record de longévité au ministère de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, connaît les défaillances et les problèmes de l’école par cœur, entravée d’incidents en faits-divers, de drames et d’atteintes à la laïcité. En effet, l’école de la République est aux abois. Pour l’ancien ministre de l’Éducation, elle est « le reflet de ce qu’il se passe dans la société ». « Il faut toujours une grande fermeté par rapport aux problèmes de violence ou d’atteinte à la laïcité. C’est la ligne que j’ai poussée à partir de 2017. Il ne faut jamais montrer le moindre infléchissement par rapport à ça » défend cet ancien ministre inflexible quant à la politique à adopter. Caractérisé par une série de réformes ambitieuses visant à moderniser le système éducatif français, de la refonte du baccalauréat à la promotion de l'inclusion scolaire, Jean-Michel Blanquer n’a jamais cessé d’employer la fermeté et la discipline pour préserver l'excellence académique des jeunes recrues sur les bancs de l’école. Une politique souvent controversée et jugée archaïque, à l’image de certaines de ses initiatives comme la réforme des lycées et la loi Blanquer pour une école de la confiance visant à rendre l'instruction obligatoire jusqu'à 16 ans et complétée par l'obligation de formation jusqu'à l'âge de 18 ans. Alors, celui qui a pendant longtemps imposé le « pas de vague » a-t-il perdu cette bataille disciplinaire ? « C’est une lutte permanente […] on a augmenté la culture du signalement, on a créé des équipes pour venir en appui des établissements […] tout ceci ne résout pas tout du jour au lendemain » commente l’ancien ministre.
La laïcité dans les établissements scolaires est-elle en danger ? Plusieurs épisodes alarmants se sont multipliés ces dernières semaines. Et le cas du proviseur de la cité scolaire Maurice Ravel à Paris, parti en retraite anticipée après avoir été menacé de mort par trois élèves qui refusaient d’enlever leur voile, en est le parfait exemple. Très attaché à la laïcité, Jean-Michel Blanquer appelle l’institution à ne pas céder. « Le sujet est très grave […] heureusement il y a des choses qui fonctionnent en France. Il ne faut pas faire un tableau catastrophique de tout. Maintenant sur les faits réels, ils sont scandaleux, honteux, cela nécessite donc de les prendre à bras le corps » affirme notre invité qui n’a jamais dévié de cette ligne intransigeante.
Profs : formés au rabais ?
Lorsqu’il était encore en responsabilité, Jean-Michel Blanquer avait pris des mesures concernant la condition des enseignants. Il avait œuvré entre autres à soutenir et valoriser le métier. Parmi ce set de mesures, on compte l'augmentation des salaires des professeurs débutants, visant à attirer les talents vers les salles de classe. Ce dernier a également lancé des programmes de formation continue pour permettre au corps enseignant de développer leurs compétences professionnelles tout au long de leur carrière. De plus, Jean-Michel Blanquer a encouragé la mise en place de dispositifs visant à réduire leur charge administrative afin de leur permettre de se concentrer davantage sur leur mission première : l'enseignement et l'accompagnement des élèves. L’ancien ministre avait également durci les conditions d’admission au poste avec la mise en place du concours des professeurs à bac +5 . Une exigence qui devrait prochainement être revue à la baisse à bac +3 pour faire face à la pénurie de postulants, souvent remplacés au débotté par des contractuels recrutés à la va-vite à la rentrée. L’Éducation nationale brade-t-elle la formation des enseignants ? « Ce qui est très important c’est de susciter de l’attraction et de la vocation […] ce qui est important c’est qu’ils soient formés par la suite » pondère notre invité qui défend « les savoirs fondamentaux et la capacité à transmettre ».
Le laboratoire de la République que Jean-Michel Blanquer préside vient de sortir. « Europe, maîtriser notre avenir », un ouvrage collectif gratuit sur internet qui tombe à point nommé à l’aube des élections européennes. Et ce dernier semble favorable à la ligne de conduite de la majorité qui souhaite réarmer l’Europe : « Sur la question de la défense, on a besoin d’avoir une beaucoup plus grande coordination européenne, d’être capable d’être un pilier européen de défense vu les menaces considérables qu’il y a aujourd’hui » explique notre invité.