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Ça y est. Le dimanche 30 juin se dérouleront le premier tour des élections législatives redouté par nombre de français. Un premier tour que personne n’imaginait il y a encore un mois, avant l’annonce d’Emmanuel Macron juste après le résultat des élections européennes. Invitée des 4 vérités, Bruno Cautrès, politologue et chercheur au CNRS et CEVIPOF, indique qu’il demeure beaucoup d’incompréhension au sujet de cette dissolution. Quelle était la principale motivation du chef de l’État ? Pourquoi a-t-il dissous ? Ils ne le comprennent pas bien. « En revanche (…) ils sont extrêmement conscients qu’il y a un choix extrêmement important à faire pour le pays ». Dans un sondage réalisé pour Science Po, 81% des Français disent avoir de l’intérêt pour cette campagne et réaliser l’enjeu de ces élections législatives pour le pays. En comparaison du précédent scrutin législatif, où le niveau de participation était de 50%, celle-ci se situe autour de 64% Le scrutin serait donc historique.

On dénombre également beaucoup plus de procurations qu’en 2022 : 1 millions en plus qu’au dernier scrutin, soit 2 millions en tout. Un signal de la motivation supplémentaire de voter pour ces législatives.

Pour l’instant, les sondages donnent largement le Rassemblement national en tête de ces législatives. Mais ces données devront se confronter au principe de réalité. D’autant, que, précise l’expert, les élections législatives sont des élections sur un scrutin majoritaire à deux tours. Ainsi, pour gagner, un parti doit obtenir au moins 50% des voix au premier tour, mais doit comptabiliser 25% des inscrits. L’autre donnée encore inconnue est l’agissement des différents mouvements politiques lors du second tour. Certains vont-ils se désister ? Choisir de faire barrage à telle ou telle formation politique ? Et surtout, quelle sera la réaction de l’électorat quant aux chiffres qui se dessinent ?

À l'aube des législatives, quel avenir pour les trois blocs politiques principaux ?

Ces dernières semaines, trois grands camps politiques se sont démarqués : le nouveau Front Populaire pour l'extrême gauche, le Rassemblement national pour l'extrême droite, et Renaissance pour le camp présidentiel. Une structuration en trois blocs, qui, rappelle Bruno Cautrès, « ne date pas de ces élections législatives. » Cette dynamique avait déjà pu être observée lors de la présidentielle de 2022. En revanche, se pose désormais la question de si ces différents blocs vont peser autant en sièges à l’assemblée. « On se doute que non ».

Lors de cette campagne, le Rassemblement national reste dans la même trajectoire qu’habituellement. « C’est-à-dire la normalisation et dédiabolisation », juge l’expert. Cette fois, particulièrement le parti d’extrême droite a selon lui voulu prétendre « jouer le jeu des institutions ». À la tête du parti, Jordan Bardella, qui a joué une place majeure dans les élections européennes pour son camp, comme il l’avait déjà fait il y a cinq ans.

Un des points marquants de cette campagne est également l’alliance d’Éric Ciotti avec le Rassemblement national contre l’avis d’à peu près tous les cadres de son parti. Les Républicains ont-ils encore un avenir après les élections ? « Grande question », juge le politologue, qui souligne quand même « la grande crise d’identité » actuellement vécue par le parti de droite. Une alliance est-elle à prévoir avec un autre parti pour 2027 ? Il s’agira surtout de voir comment les agendas politiques concordent.