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Apparue plus désunie que jamais et complètement morcelée lors de la campagne présidentielle, la gauche reprend du service. Jean-Luc Mélenchon a réalisé un exploit politique en rassemblant socialistes écologistes et communistes derrière sa candidature. Un accord historique qui menace néanmoins le PS. Dans le camp LFI, c’est une victoire qui rapproche son leader de Matignon. La gauche est-elle devenue la première opposante à Emmanuel Macron ? « C’est une alliance si elle est validée, contre-nature. C’est la prise de pouvoir idéologique de Jean-Luc Mélenchon et donc de l’extrême de gauche sur la gauche tout entière ce qui est problématique » constate Éric Woerth, invité des 4 vérités ce jeudi 5 mai. Pour le député et président de la commission des Finances de l’Assemblée Nationale, cette proposition politique est totalement incohérente : « Je ne vois pas les socialistes aujourd’hui défendre la retraite à 60 ans parce que c’est la fin du modèle par répartition » poursuit-il en listant les points de divergences entre la gauche démocrate et la gauche radicale notamment sur les questions européennes et militaires. Ce ralliement du PS derrière le chef de file LFI a fait grincer des dents certains militants du parti qui n’ont pas hésité à claquer la porte comme Bernard Cazeneuve. Les opposants socialistes de cet accord de principe dénoncent la confusion idéologique qui risque de faire imploser le parti, déjà en grande fragilité depuis la présidentielle. Éric Woerth soutient qu’il y a plus de socialistes enclins à rejoindre Emmanuel Macron. « On peut gouverner ensemble car nous avons une vision de progrès du pays » explique cet ancien membre LR qui appelle les socialistes à rejoindre sa grande famille politique car « La France a besoin d’une politique de transformation et d’investissement considérable ». Alors que tous les pronostics sont permis quant au futur prédécesseur de Jean Castex, la rumeur selon laquelle Emmanuel Macron aurait proposé la maison Matignon à deux femmes de gauche interroge, voire inquiète. « La finalité c’est de donner une visibilité, une durabilité, de faire que le régime par répartition des retraités, que la justice entre les générations et entre les actifs soit conservée sur le long terme » affirme Éric Woerth. 


Emmanuel Macron : le premier budget 


Cet été, un collectif budgétaire va discuter de la revalorisation des retraites, des minimas sociaux, des chèques alimentaires, de l’aide sur les carburants et du gel des prix du gaz. Une rencontre au sommet qui va poser sur la table un plan d’action à plusieurs milliards. « Il va y avoir obligatoirement un rectificatif budgétaire parce que la crise augmente, les prix augmentent, que l’inflation est évidemment beaucoup trop élevée pour les Français, il faut assumer cela » concède notre invité qui souhaite mettre en place des action à court terme qui vont « coûter chères », au risque de creuser à un peu plus la dette publique. Celui qui a longtemps défendu la prudence s’aligne aujourd’hui sur la stratégie du quoi qu’il en coûte pour faire face à la crise. « La seule solution c’est de réformer notre pays dans la justice, dans l’efficacité économique. C’est là qu’on retrouvera une souveraineté financière » affirme Éric Woerth, sans oublier la mutualisation européenne. Ce début de quinquennat s’annonce particulièrement compliqué avec des voyants pratiquement tous au rouge côté finance et un risque d’inflation qui atteindrait les 10%.