À l’est de l’archipel des Comores, la révolte gronde. Et la décision du ministre de l’Intérieur suffira-t-elle à calmer les tensions à Mayotte ? En effet, Gérald Darmanin a annoncé ce dimanche 11 février 2024, la suppression du droit du sol pour tenter d’apaiser les esprits face à l’insécurité croissante et l’immigration massive. Aussitôt cette nouvelle mesure prononcée, Éric Zemmour a demandé à ce que cette réforme soit étendue à l’ensemble du territoire en réponse à ce qu’il qualifie « d’invasion migratoire » sur le département. Pour le polémiste et président du groupe Reconquête!, Mayotte est « le miroir grossissant et en accéléré de la France métropolitaine ». Intraitable sur la politique migratoire, ce dernier dénonce un abus du recours au droit d’asile pour s’établir en France. « C’est une véritable invasion » affirme l’invité de Jeff Wittenberg sur le plateau des 4 vérités. Et les récents propos de Gérald Darmanin, qui propose entre autres de construire un rideau de fer maritime, devraient, sur le papier, réconcilier Éric Zemmour avec la majorité présidentielle. L’homme politique d’extrême-droite attend des actions concrètes, bien qu’il salue la suppression du droit du sol qui est, selon lui, « une pompe aspirante énorme pour l’immigration / invasion ». Si l’on renonce à ce droit fondamental, comment acquérir la nationalité française ? Éric Zemmour plaide la naturalisation à condition que le demandeur soit parfaitement « assimilé » comme le prévoit le Code civil. Chaque année, 100 000 étrangers obtiennent la nationalité française par ce biais. Ce qui semble invraisemblable à l’homme politique : « C’est beaucoup trop parce que la plupart de ces gens ne sont pas vraiment assimilés. On voit des femmes voilées qui viennent demander la naturalisation » s’insurge-t-il.
Européennes : un test pour Reconquête!
Éric Zemmour et sa première tête de liste, Marion Maréchal Le Pen, portent ces arguments anti-immigration pour obtenir les suffrages aux élections européennes. Suppression du droit du sol et du droit au regroupement familial, limitation du droit d’asile (une centaine contre 140 000 aujourd’hui), révision des conditions, mise en place d’une caution de 10 000 euros pour l’obtention d’un visa… Autant de propositions visant à durcir l’éligibilité des candidats étrangers qui souhaiteraient s’installer en France. Et cette politique ultra conservatrice ne semble pas franchement séduire les électeurs à en croire les sondages qui placent la tête de liste entre 5 et 10% des intentions de vote pour les plus optimistes. 5% étant le seuil requit pour obtenir des députés européens, Éric Zemmour prévoit de corriger le tir en installant la candidature de Marion Maréchal Le Pen. Ces élections sont cruciales pour ce jeune parti de la scène politique qui n’a fait que 3% à la présidentielle. Mais force est de constater qu’il se fait distancer par la concurrence avec la candidature de Jordan Bardella qui, lui, bénéficie d’une vraie dynamique. Et le président du parti Reconquête! compte bien se distinguer du RN avec des idées bien plus arrêtées : « Madame Le Pen pense que l’islam est compatible avec la République. Pas moi. Madame Le Pen pense qu’il n’y a pas de guerre de civilisations sur notre sol. Pas moi. Madame Le Pen a voté la loi immigration qui régularise 10 000 clandestins. Je ne l’aurai pas fait. Madame Le Pen veut donner les allocations sociales de la solidarité nationale aux étrangers […] mais moi je ne les donne pas » argue-t-il.
Dans la pluie d’hommages et de réactions qu’a suscité la mort de Robert Badinter la semaine dernière, Éric Zemmour ne s’est pas encore exprimé. Quel regard porte-t-il sur ce ténor du barreau et homme politique humaniste qui a contribué à l’abolition de la peine de mort et d’autres réformes phares ? « Je respecte la personne, le talent et la carrière […] mais j’ai avec Monsieur Badinter des désaccords de fond et de philosophie politique. Je pense qu’il a été le ministre de la Justice qui a accéléré le laxisme de la justice » assène-t-il avant de se prononcer en faveur de la peine de mort. « L’abolition de la peine de mort fut une erreur. Elle a sapé la hiérarchie des sanctions » défend-t-il, totalement à contre-courant.