En mettant le sort du projet de loi immigration entre les mains de Marine Le Pen, le gouvernement a prouvé qu’il pouvait adopter un texte « largement en dehors des voies de l’extrême droite », assure François Bayrou. Invité des 4 vérités, il affirme que les votes du parti de Marine Le Pen n’ont pas été la clef de la réussite du vote, et promet que « s’il avait dépendu de ces voies, il aurait été retiré par le gouvernement. » Le président du Modem argue par la même occasion qu’il n’a jamais demandé le retrait du texte, modérant les propos rapportés : « J’ai demandé que les deux principes essentiels soient respectés. » Le premier ? « Qu’on ait de la rigueur, c’est-à-dire que les Français sachent que (…) le séjour irrégulier est repéré et sanctionné en France, mais qu’il existe une voie d’intégration par le travail » Le second ? La caution pour les étudiants étrangers, tout du moins boursiers, qui, selon l’homme politique, ne devrait pas être payée par les familles desdits étudiants. « Il n’aurait pas été normal qu’une université française dépende des moyens de l’étudiant ou de la famille », juge-t-il.
Malgré tout, le texte ne convient pas au Haut-commissaire au plan, et il avertit sur ses potentiels dommages collatéraux. Il faut, selon lui, se méfier du désordre dans une démocratie. « Car on peut se retrouver avec des peuples qui choisissent la servitude », prévient-il. Concernant les mots de Marine Le Pen, qui s’est vantée mardi 19 décembre 2023 que ce texte signait pour le RN une « victoire idéologique », François Bayrou parle d’une « manœuvre assez réussie du côté du jeu parlementaire », qui est parvenu selon lui à faire voter au RN des volets que le parti assurait pourtant ne jamais voter, comme la régularisation par le travail. Selon lui, le Rassemblement national n’a donc pas du tout gagné la bataille comme sa présidente l’a sous-entendu, mais a simplement manoeuvré pour faire croire que ce texte était le sien, alors qu’il en a désapprouvé la plupart des points. Malgré tout, l’homme politique redit à quel point il n’est pas satisfait de la situation. Il parle notamment d’un désordre général, aussi bien du côté du gouvernement, que de la majorité et des oppositions. Les conséquences ? Une profonde détérioration de la majorité. Que faire pour redonner du souffle à celle-ci ? L’allié d’Emmanuel Macron est en tout cas persuadé que la solution ne se trouve pas dans le fait de basculer davantage à droite. Au contraire, « la solution du pays [serait] dans l’équilibre du bloc central ». Un remaniement est-il envisageable ? « Pour l’instant, la décision est dans les mains du président de la République. » Et une dissolution ? Encore moins : « Si vous voulez ajouter du désordre, c’est ce qu’il faut faire ».
François Bayrou serait-il intéressé par le fait de rejoindre Matignon ?
Aurélien Rousseau, ministre de la santé, démissionne en tout cas du gouvernement. François Bayrou « comprend et partage les émotions qui se sont exprimées hier ». Sa vie politique, comme celle de beaucoup de ses confrères, ayant consisté à ne pas pactiser avec le Rassemblement national, cette situation peut provoquer un trouble très compréhensible. Aujourd’hui, des décisions sont à prendre par le président de la République du côté du gouvernement.
François Bayrou serait-il intéressé par le fait de rejoindre Matignon s’il y était appelé ? « Pour l’instant, ce n’est pas la question. » Et concernant l’avenir, il pense que « remettre de l’ordre » est avant tout une décision que le Chef de l'État devra maintenant assumer. Ce dernier s’exprimera mercredi 20 décembre 2023 dans l’émission C à vous, sur France 5.