Même si les chiffres de participation sont en baisse, la colère ne faiblit pas contre la réforme des retraites. Au soir de la dixième journée de manifestation nationale, mardi 28 mars, les syndicats ont appelé à une nouvelle journée d’action le jeudi 6 avril. De son côté, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, a demandé de mettre en « suspens » l’article 7, qui prévoit l’allongement de l’âge de départ à la retraite à 64 ans, et de mettre en place une médiation « de 3 ou 4 personnes », afin d’interroger les différents partis. Une demande refusée par le gouvernement. « Toute main tendue est bonne à prendre, toute main tendue doit être considérée. On doit tous ensemble être prêts à discuter, à examiner le très grand nombre de points à examiner », commente, François Bayrou, invité des 4 Vérités, mercredi 29 mars, sur France 2. Dans la foulée, la Première ministre, Élisabeth Borne, a invité l’intersyndicale à Matignon, en début de semaine prochaine. Une demande à laquelle les syndicats devraient répondre favorablement. « La situation dans laquelle nous sommes, est insupportable, immorale, scandaleuse : on paye les pensions avec de la dette », fustige le patron du Modem au micro de Thomas Sotto. « Il ne devrait pas y avoir un seul responsable, ni politique, ni syndicat, qui s’en accommode », précise-t-il.
Pour trancher la question, certains membres de l’opposition, notamment à gauche, appellent au référendum. « Je pense que c’était une méthode, j’ai défendu longtemps cette idée. (…) Mais aujourd’hui tout cela a été engagé, acté. (…) On ne peut pas changer de ligne à ce point. Je crois que l’on peut discuter et qu’il y a matière à discuter », souligne le haut commissaire au plan, qui estime qu’il y a une « responsabilité morale » à rééquilibrer notre système de retraites.
Depuis le recours au 49.3 par le gouvernement, l’ambiance serait délétère au gouvernement. Le gouvernement peut-il tenir ? « On a tous des responsabilités. (…) Sans doute, on aurait pu faire mieux et autrement », admet François Bayrou, qui dément toute forme de tension entre lui et le chef de l’Etat. « Il faut bien que l’on sorte de l’affrontement dans lequel on est », estime-t-il. « La pause qui est produite par l’effet du Conseil Constitutionnel pourrait être émise à profit. Je suis absolument sûr qu’il y a des échanges, en privé. Il est bon qu’il en soit ainsi », ajoute-t-il.
Total Energies : inflation et augmentation des salaires
En pleine crise sociale, la rémunération totale du président-directeur général de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, a augmenté de 23,33% en 2022 par rapport à 2021. En 2023, cette hausse s’élève déjà à 10%. « Ce n’est pas le monde dont je rêverais, dans mon esprit, le monde idéal serait plus équilibré. Mais c’est comme ça que fonctionne l’économie. Si ce n’était pas Total, ce serait qui ? Les entreprises étrangères qui viendraient en France et on se plaindrait que la valeur ajoutée du pays parte ailleurs. On peut aller vers un monde plus équilibré. Pour autant, ces grandes entreprises font partie du patrimoine du pays », reconnaît François Bayrou.