Il y a cinq ans, il prenait ses fonctions comme substitut à Carcassonne. Ce vendredi 30 juin, il prendra sa retraite. Pendant plus de quatre décennies, François Molins a consacré sa vie à la justice. En tant que procureur de la République près du Tribunal de grande instance de Paris de 2011 à 2018, il s’est notamment fait connaître du grand public lors des attentats de 2012 et 2015 qui ont touché la France. Selon un sondage exclusif de l’institut CSA pour l’Institut pour la Justice, 81% des sondés estiment que la justice française est trop laxiste. « Non, elle n’est pas laxiste », rétorque l’actuel procureur général près la Cour de cassation. « C’est une perception erronée de la réalité. La justice est même plus sévère qu’avant. Le problème est l’effectivité des peines au regard des conditions dans lesquelles elles sont exécutées, avec toutes ces procédures d’aménagements. On est toujours dans un stock de 90 000 à 100 000 peines, qui font qu’un certain nombre de peines ne sont pas exécutées », explique François Molins, au micro de Thomas Sotto. La justice manque-t-elle de moyens ? « Il y a toujours un manque de moyens, mais aussi d’organisation. (…) Les moyens ne suffiront pas s’ils ne sont pas accompagnés de réponses et d’une bonne organisation », estime-t-il.
Depuis deux jours, le pays s’embrase depuis la mort de Nahel, un jeune homme de 17 ans abattu par un policier alors qu’il refusait d’obtempérer. « J’ai peur d’assister à ce que j’ai vécu en 2005. Il y a d’abord le regard sur la difficulté pour les policiers d’exercer leur travail dans des conditions qui répondent à la nécessité absolue, mais qui respectent une stricte proportionnalité », commente François Molins. « Les images sont très parlantes. Il y a une sorte d’exacerbation qui ne va pas répondre à la situation qui a été créée », précise-t-il, en appelant à la raison et au calme. Le policier inculpé a été placé en garde à vue pour « homicide volontaire. « Il faut faire confiance en la Justice. Le parquet de Nanterre a pris cette affaire sous la plus haute qualification », souligne le procureur général, expliquant que l’usage de l’arme pour les policiers « répond à une situation d’absolue nécessité et de stricte proportionnalité ».
La France s'embrase
Au lendemain du drame, le président de la République a qualifié cet acte d'« incompréhensible » et d'« inexplicable ». « Ce sont des réactions politiques. Pour moi, ce qui m’importe, c’est le travail des magistrats puisque ce sont eux qui ont la responsabilité de qualifier et d’apporter une réponse. C’est au procureur de la République de Nanterre et au juge d’instruction d’apporter une réponse par rapport à un dossier qu’ils connaissent, qui fait suite à une enquête de 48 heures de la police nationale. Violences, voitures brûlées, commissariat vandalisés… Cette nuit, des heurts ont éclaté dans de nombreuses villes de France. « La violence n’a jamais rien réglé. On est dans un état de droit, il faut faire confiance à la justice. Les magistrats et des policiers de l’IGPN vont faire leur travail. Je suis persuadé que la réponse apportée par l’Institution judiciaire à tous ces faits sera à la hauteur », précise François Molins.