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Le gouvernement a présenté, lundi 26 septembre, son budget 2023. Un montant de 22 milliards d'euros, répartis entre tous les ministères. Parmi les gagnants ? Le ministère de l’Intérieur. Son budget devrait augmenter de près d’un milliard d’euros l’année prochaine permettant ainsi la création de 8500 postes dont 2874 gendarmes et policiers. « Le budget 2023 du ministère de l’Intérieur est historique », s’est réjoui Gérald Darmanin, dans un tweet. « Cela nous permet de nous inscrire dans la durée pour les cinq années qui viennent, avec une échéance importante que sont les Jeux Olympiques et paralympiques », réagit, ce mardi 27 septembre, Frédéric Veaux, directeur général de la Police nationale, invité des 4 vérités, sur France 2. « La police a besoin de se moderniser en permanence, de s’équiper, d’évoluer. Le soutien du budget de l’État est très important ». Face au sentiment d’insécurité généralisé et la montée de la délinquance, il réaffirme vouloir « assurer la protection des personnes et des biens, à la fois sur la voie publique mais aussi dans l’investigation », précise-t-il.

Ce budget permettra également de mener à bien la réforme de la Police nationale, portée par le ministre de l’Intérieur, prévoyant notamment de mettre tous les services de police au niveau départemental sous l'autorité d'un même directeur de la Police nationale (DDPN), dépendant du préfet. Cette réforme suscite une des inquiétudes dans les rangs de la police judiciaire qui se retrouverait regroupée avec les effectifs de sécurité publique. « Nous avons la volonté de décloisonner la police pour la rendre plus efficace. L’organiser par mission, mais aussi faire en sorte qu’elle soit coordonnée et pilotée à chaque échelon de la zone de défense ou du département », a réagit Frédéric Veaux.

Réforme : la Police judiciaire inquiète

Cette réforme provoque une grogne inédite au sein de la police judiciaire qui craint ne plus pouvoir traiter les affaires graves et complexes. Lundi 26 septembre, de nombreux policiers judiciaires ont manifesté leur mécontentement. « Nous avons la volonté de maintenir ce qui fonctionne bien au quotidien, nous ne renonçons pas à lutter contre la criminalité organisée et la délinquance spécialisée », commente le chef de la police qui a également balayé les critiques selon lesquelles « être sous l’autorité d’un préfet serait une menace pour la démocratie et les libertés ». « À Paris, les services de police dont la PJ évoluent sous l’autorité du préfet et cela ne pose aucun problème. (...) Les préfets ne sont pas soumis aux politiques. (...) Les magistrats auront également la capacité de donner leur avis sur la manière de servir ces chefs de police », explique-t-il.

Invité de France Inter, il y a un mois, François Molins, procureur général à la Cour de Cassation, n’a pas caché son inquiétude vis-à-vis de cette réforme, déjà expérimentée dans plusieurs départements. Il craint qu’elle n’entrave à la qualité des enquêtes au sein de la PJ. « Nous n’avons pas l’intention de détruire ce qui fonctionne. Au contraire », réagit Frédéric Veaux, conscient « qu’il y aura des choses à corriger ». « Il faut que tous les services se parlent, travaillent ensemble pour être encore plus efficaces », affirme-t-il, déterminé à mener cette réforme jusqu’au bout.