Thomas Sotto reçoit Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, sur le plateau des 4 Vérités.
Lundi 11 décembre 2023, Gérald Darmanin présentait sa démission suite au rejet par l’Assemblée Nationale de son projet de loi sur l’immigration. Durant la semaine, sept députés et sept sénateurs se sont réunis dans le cadre de la commission mixte paritaire pour débattre le texte sur l’immigration, trouver un accord et un nouveau projet à soumettre à l’Assemblée. Leurs discussions, qui auraient dû aboutir hier, lundi 18 décembre, ont été suspendues et allongées d’une journée supplémentaire. Le ministre de l’Intérieur revient aujourd’hui sur les principes qui régissent son projet de loi sur l’immigration, et ses espoirs quant au débat parlementaire.
« Il y a manifestement désaccord sur quasiment tout », affirme Gérald Darmanin. Une situation qu’il estime normale. Pour lui, ce n’est pas un sujet qui coince, mais bien un débat démocratique qui se construit dans le temps. Puisque c’est le texte du Sénat qui n’a pas été débattu à l’Assemblée National qui est retravaillé en commission paritaire et que les points de vue s’opposent, il faut du temps pour arriver à un consensus, ce qui explique la suspension momentanée de la commission. Un temps lié au fait d’avoir une majorité relative, votée par les français, comme le rappelle le ministre : pour lui, on ne peut pas faire passer toutes les lois par 49:3, il faut laisser la place, et donc le temps, au débat. Il réitère malgré tout sa confiance dans les capacités de la commission paritaire à trouver un accord.
Le désaccord principal concerne, selon Gérald Darmanin, les questions liées aux prestations sociales, notamment les APL et les allocations familiales. Il rappelle la position du gouvernement au sujet de la loi immigration : faire la distinction entre les travailleurs et ceux qui ne travaillent pas, qu’importe leur origine. « Le problème, pour nous, ce n’est pas les étrangers ou ceux qui ne sont pas étrangers, c’est ceux qui viennent pour travailler et ceux qui ne viennent pas pour travailler ». Il lui paraît logique de faire bénéficier les travailleurs de prestations sociales, et de régulariser leur situation sur le territoire. Même chose pour les étudiants étrangers : il veut favoriser l’entrée « d’étudiants talentueux et ayant peu de moyens » en ne leur faisant pas payer de caution à leur arrivée en France.
Une loi nécessaire
Le ministre de l’Intérieur défend son projet de loi, qu’il estime incontournable. « On a besoin de ce texte », proclame-t-il. Il rappelle les trois mesures principales que ce projet entend régler : la régularisation des métiers en tension, la lutte contre les délinquants étrangers et la simplification des lois. Gérald Darmanin souhaite durcir les lois contre les délinquants étrangers, en facilitant notamment le travail d’identification et d’interpellation des forces de l’ordre en rétablissant le délit de séjour irrégulier. Face au durcissement des mesures à l’encontre des étrangers, le ministre mentionne également des mesures socialistes, comme la fin des mineurs dans les centres de rétention, ainsi que son rejet de la politique de la préférence nationale préconisée par les élus des Républicains. Il s’agit surtout, pour lui, de contenter tout le monde pour trouver un accord : « Ça ne peut pas être un texte parfait car c’est un texte co-construit avec une partie de l’opposition, donc tout le monde ne peut pas être satisfait à 100% ».
Quant au risque qu’il pose une nouvelle fois sa démission si un texte sortant de la commission paritaire n’est pas accepté par l’Assemblée, Gérald Darmanin indique que c’est au président de la République de faire un choix. Il se défend face aux critiques, rappelle ne pas être là pour « jouer » : « Quand on est ministre de l’Intérieur, c’est difficile. On se bat parce qu’on pense que c’est important d’avoir un texte pour protéger les français ». Il conclut en martelant l’importance de trouver un accord : « On fait tout pour l’avoir, mais pas à n’importe quel ni à n’importe quelle condition ».