L’horloge ministérielle semble définitivement au ralenti… En effet, Michel Barnier ne s'est toujours pas prononcé sur ceux et celles qui composeront son gouvernement. Si des noms circulent à l’instar de celui de Bruno Retailleau pour prendre la place de Gérald Darmanin au poste de ministre de l’Intérieur, rien n’est encore gravé dans le marbre. Pour l’heure, 38 ministres seraient pressentis pour prendre la relève du gouvernement démissionnaire dont 10 personnalités issues de l’ex majorité et trois de droite. Une composition qui penche davantage à droite malgré le score des élections législatives qui donnaient l’avantage à la gauche. Parmi ceux qui ont décliné l’invitation de Michel Barnier, Karim Bouamrane, maire socialiste de Saint-Ouen, ne pouvait envisager une telle cohabitation. Et ce dernier se désole du spectacle politique offert aux électeurs de gauche : « On arrive premier et on se retrouve avec un gouvernement de droite sous tutelle du Rassemblement National. On a vu la colonne vertébrale de ce gouvernement qui se profile […] assez dur en termes de valeurs conservatrices » argue notre invité, très préoccupé par la politique régressive qui se dessine en défaveur « des minorités ». Le vice-président du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis tient à alerter l’opinion publique sur ce qui reste de fracturer la France encore davantage, c’est-à-dire « des mesures libérales portées par une idéologie liberticide ».
Gouvernement : la droite se rassemble, la gauche se divise
Ce samedi 21 septembre 2024, la gauche va défiler dans les rues de la capitale aux côtés des organisations de la jeunesse mais également de La France Insoumise et des Écologistes. Une grande marche pour manifester leur désarroi depuis la nomination de Michel Barnier, qui a provoqué l’indignation mais également fragilisé la coalition de gauche, notamment au sein de LFI. Karim Bouamrane s’applique à rester fidèle à sa famille politique, il désapprouve cependant la stratégie employée par la gauche, et notamment par le fief de Jean-Luc Mélenchon, en tête de cortège. « Il aurait fallu être dans un chemin de compromis, de discussion. Je reste convaincu que le gouvernement Barnier ne tiendra pas et qu’il sera empêché […] nous à gauche, devons nous préparer pour la suite et faire en sorte qu’il n’y ait pas de bis repetita » explique le maire de Saint-Ouen.
Connue pour son engagement en faveur des quartiers populaires, la nouvelle star de la gauche souhaite recentrer le débat sur des sujets qui lui sont chers : le pouvoir d’achat, la santé et le logement. « Nous devons être en capacité de répondre favorablement à ces demandes » poursuit notre invité. C’est la raison pour laquelle son nom eut été évoqué un temps pour le poste de Premier ministre. Sur la short list des favoris de gauche du Premier ministre, ce dernier n’a jamais envisagé intégrer le gouvernement Barnier. « En ce qui me concerne, participer au gouvernement de Michel Barnier aurait été faire preuve de compromission […] lorsqu’on est de gauche, on a des marqueurs. Et aujourd’hui participer à un gouvernement qui est porté par des valeurs libérales et en plus sous tutelle du RN […] je ne pourrais pas » explique notre invité qui s’interroge toujours sur la légitimité d’un gouvernement au pouvoir. « La gauche est arrivée première. Comment on explique que la gauche se retrouve dans l’opposition avec un Premier ministre de droite ? » fustige-t-il.
Devenu spectateur de ce théâtre politique qui prend l’allure d’une farce, Karim Bouamrane tire des leçons des désaccords passés au sein du Parti Socialiste. En effet, le PS s’était opposé à la candidature de Bernard Cazeneuve, pourtant ancien socialiste. Aujourd’hui, ce dernier regrette les tergiversations et les blocages lors des négociations pour soumettre un candidat à Matignon : « On a manqué de méthode. Il aurait fallu tout de suite appréhender des discussions avec les formations politiques pour en faire sorte que le Premier ministre soit de gauche » reconnaît notre invité.
Pour sortir de cette impasse inextricable dans laquelle s’est embourbée la gauche, Karim Bouamrane ouvre un nouveau chemin avec le lancement de La France humaine et forte. C’est le nouveau mouvement de l’édile socialiste qui aura lieu à Saint-Ouen le 3 octobre 2024. Son objectif ? « Redonner un chemin d’espoir et d’espérance […] et faire en sorte que toutes celles et ceux qui en ont marre de subir […] à intervenir et participer » annonce notre invité.