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C’est un numéro d’équilibriste particulièrement périlleux… Sur cette corde politique très fine, Michel Barnier, pourtant rompu à l’exercice, doit redoubler de vigilance. Le nouveau Premier ministre était attendu à l’Élysée ce jeudi 19 septembre 2024 pour soumettre à Emmanuel Macron sa proposition de gouvernement. Tous les Français sont suspendus aux lèvres de l’ancien négociateur, dans l’attente d’une équipe ministérielle transpartisane, capable de rassembler la gauche et la droite, si tant est que ce soit encore possible… Parmi les bruits de couloir qui ont fuités bien au-delà des murs du palais, la rumeur d’un gouvernement paritaire composé de 38 ministres dont 10 ministres de l’ex majorité et trois ministres de droite pourrait se confirmer. « Il peut y avoir des réglages d’ici l’annonce du gouvernement. On attendait cette réunion […] nous ne serons jamais force de blocage mais en même temps nous avions des questions sur le fond mais aussi en matière d’équilibre gouvernementale pour que l’incarnation de l’unité de ce socle entre le camp présidentiel et les LR puisse se traduire dans l’organisation du gouvernement » rapporte Franck Riester, ministre démissionnaire du Commerce extérieur, de l’Attractivité de la Francophonie et des Français de l’étranger.

Le gouvernement démissionnaire aurait-il fait pression sur Michel Barnier pour que ce dernier réévalue sa copie ? En effet, le gouvernement Barnier penchait davantage à droite en début de semaine, avec une force républicaine importante. « On a un message simple. Il ne faut pas qu’il y ait un bloc qui écrase les autres et qu’il y ait une représentation arithmétique du poids de chaque groupe au sein du gouvernement. Le groupe Ensemble pour la République représente presque la moitié des députés qui veulent soutenir le Premier ministre donc c’est logique qu’ils aient la moitié des postes en responsabilité pour que l’incarnation de cette unité puisse être très claire aux yeux des Français » avance notre invité. Cette hypothèse est donc loin de refléter le résultat des urnes… Ce qui devrait crisper davantage les électeurs, qui ont donné une majorité relative à la gauche. Avec 10 ministres de l’ex majorité potentiellement dans la course, où est le changement que les Français ont exprimé au second tour des élections législatives ? « Il y a un grand renouvellement de ministre et il y a une présence des LR qui est bien plus importante. Personne n'a gagné ces élections mais le socle que nous allons représenter entre le camp présidentiel et les LR et le socle le plus important à l’Assemblée nationale. Il doit refléter tant sur l’incarnation du gouvernement, tant que sur les idées ce rassemblement, cette unité et cette stabilité politique » martèle le ministre démissionnaire. 

Gouvernement : la liste dévoilée aujourd’hui

Qu’en est-il de la coalition de gauche qui arrive en tête des votes lors des législatives anticipées ? La rupture entre le Nouveau Front Populaire et l'Élysée semble définitivement consommée. Plusieurs figures politiques, comme Olivier Faure du Socialiste, ont dénoncé un "déni démocratique", accusant Emmanuel Macron de piétiner les résultats des élections législatives. Jean-Luc Mélenchon monte le ton d’un cran, qualifiant le coup de force du chef d’État de "vol du peuple français", tandis que Marine Tondelier des Verts a exprimé son indignation face à ce qu'elle perçoit comme un mépris des électeurs. Une motion de censure contre cette nomination ainsi qu’un appel à la destitution ont été déposés en marge des négociations. Malgré ces dérapages, le camp Macron campe sur ses positions : « Ce gouvernement a la volonté de mettre en place de la stabilité pour répondre aux questions de nos compatriotes et d’aller vite sur un certain nombre de sujets qui sont prioritaires en matière de sécurité, d’économie, de pouvoir d’achat. J’espère que début de semaine prochaine, tout le monde sera au travail » martèle Franck Riester, qui confirme ne pas être reconduit sur le gouvernement Barnier. 

Dans les petits papiers de Michel Barnier, Bruno Retailleau, président des Républicains au Sénat est pressenti au poste de ministre de l’Intérieur. Un nom qui présage un coup de barre à droite et un nouveau tour de vis sur les questions de sécurité et d’immigration, consentit par Michel Barnier. « C’est un nom qui circule […] nous avons eu des garanties du Premier ministre qu’il y aurait de la fermeté mais aussi de l’humanité. Mais aussi qu’il aurait une sorte de consensus au sein des groupes de ce socle si jamais il devait y avoir une modification des textes […] de l’efficacité avant de l’idéologie » tempère notre invité. Et d’insister sur la fiscalité qui fait tant débat : « Nous voulions avoir des garanties […] et nous avons eu  des garanties qu’il n’y aurait pas d’augmentations d’impôts sur les classes moyennes. C’est pour nous très important […] nous sommes optimistes aussi sur la fiscalité des entreprises ».