Description

Alors que le conflit en Israël s’intensifie, les députés français vont visionner le film des monstruosités commises par les terroristes du Hamas le 7 octobre dernier en Israël. Des séquences chocs et un enchaînement d’images d’une extrême violence que notre invité, Iannis Roder, qualifie d’insoutenables. Ce professeur en zone d’éducation prioritaire à Saint-Denis décrit ce film d’horreur qui se joue actuellement au Proche-Orient : « J’ai été frappé par deux choses : la première, c’est le sentiment de jouissance qui apparaît très clairement à l’écran sur le visage des terroristes. Ils jouissent de la violence […] et la deuxième chose, c’est le vocabulaire employé […] on ne les entend pas parler d’Israéliens mais de juifs et de colons. Ça m'a frappé parce qu’on est dans une vision totalement idéologisée du passage à l’acte » témoigne notre invité sur le plateau des 4 vérités. Rien n'est épargné ni même censuré. En témoigne cette scène où un terroriste  pourchasse un père et ses deux enfants, réveillés au beau milieu de la nuit avant que l’assaillant ne dégoupille une grenade. Une scène de chaos d’une violence inouïe durant laquelle ces enfants ont assisté impuissants à la mort de leur père qui s’est jeté sur la bombe pour faire écran. Est-ce réellement nécessaire de montrer ce film aux députés ? Pour Iannis Roder, ces images illustrent avant tout « la motivation des assassins » qui s’inscrivent dans une idéologie mortifère visant à l’effacement total et la destruction complète du peuple israélien. Autre détail sordide qui a attiré l’attention de ce professeur agrégé d’histoire-géographie : la mutilation des corps après avoir été exécutés et brûlés, ce qui rend le travail d’identification quasiment impossible. Malgré ces images d’une extrême violence, notre invité redoute malgré tout qu’elles ne soient pas interprétées à la hauteur du crime commis : « Nous sommes dans une société  de la vérité alternative c'est-à-dire de la construction d’un discours qui doute de tout. Il faut avoir un esprit critique mais douter de tout c’est catastrophique car plus rien n’est vérité, plus rien n’est avéré et donc plus aucun discours ne peut être cru » constate-t-il. 

Ce film représente-t-il un danger et de vrais risques, ceux de rentrer dans le jeu des terroristes dont les crimes perpétrés sont leur fierté ? Pour Iannis Roder, il faut garder en tête que ces images sont « une transgression absolue ». « Il ne faut pas relativiser ces images. Eux pensent qu’ils sont dans le bien, dans le juste, dans le vrai et c’est frappant » poursuit-il. En édulcorant ces images au risque de heurter la sensibilité du public, faudrait-il au contraire les diffuser plus largement ? C’est une vaste question à laquelle notre invité ne veut pas se risquer. 


Antisémitisme : les leçons d’une marche 


Ce conflit au Proche-Orient résonne au-delà des frontières et a même des répercussions en France dont l’une des conséquences est l’antisémitisme. Pour lutter contre cette escalade de haine et de violence qui nous rappelle les pires heures de l’Histoire dans les années 40, près de 200 000 Français ont défilé dans les rues de l’Hexagone ce dimanche 12 novembre 2023. Un rendez-vous auquel de nombreuses personnalités politiques ont participé. Si certains membres de la classe politique appelaient à l’unité du pays, d’autres se sont abstenus pour ne pas marcher dans les pas du Rassemblement National. Présent lors de cette grande marche, Iannis Roder a examiné à la loupe les manifestants. Il a pu observer entre autres que le groupe était plutôt homogène, majoritairement composé de CSP + des quartiers centraux de Paris. Ainsi, il déplore l’absence de diversité et de jeunes. « Ça veut dire que cette manifestation entérine ce que nous savons déjà. C'est-à-dire que notre société est fracturée par un communautarisme qui s’installe » affirme notre invité. 

En tant qu’enseignant en zone d’éducation prioritaire, Iannis Roder exerce un poste d’observation exceptionnel. Depuis des années, ils mènent un combat auprès des étudiants pour lutter contre toutes les formes de racisme. Et ses élèves en disent beaucoup sur l’état de la société actuelle. Comment ces jeunes têtes pensantes interprètent-elles ce qui se passe en ce moment ? « Ils ont du mal à dépasser l’émotion » explique notre invité qui souligne la vision très manichéenne des étudiants. 

Lundi 13 novembre 2023, huit jeunes ont été interpellés pour avoir entonné des chants antisémites dans le métro. Pour Iannis Roder, beaucoup de jeunes sont dans la provocation. « Ils ont conscience que le nazisme est un marqueur dans notre société  et que transgresser c’est dire qu’on est nazi. Ça ne veut pas dire nécessairement qu’ils le sont » commente-t-il rappelant qu'il ne pas caricaturer les jeunes de banlieues.