Description

La Seine-Saint-Denis est un des départements les plus pauvres de France. Avec les Jeux Olympiques, il voit son territoire mis en valeur en accueillant plusieurs épreuves, notamment dans son tout nouveau centre aquatique construit spécialement pour l’occasion à Saint-Denis. C’est dans ce contexte qu’est née Univers Projet 93, menée par Salim Dabo, alias « le Maire des banlieusards ». Encore jeune, l’association a été fondée en 2022, dans le but d’aider les jeunes du département. Accompagnement vers l’emploi, activités sportives et associatives, et, à l’occasion de Paris 2024, « inviter les jeunes à découvrir d’autres sports que les sports phares de la banlieue comme le football, le basket, et, plus récemment, le rugby », sont autant d’initiatives mises en place par les volontaires. 

Pour notre invité, ces Jeux Olympiques sont une « chance » inespérée pour enfin pouvoir développer des activités pour les jeunes du quartier, grâce notamment aux nouvelles infrastructures. Il insiste sur l’importance de parler à la jeunesse, de les écouter, et d’essayer de construire leurs projets avec eux. Lui-même avoue ne pas avoir eu une enfance facile, marquée par un parcours scolaire laborieux. Il veut aujourd’hui prouver qu’il est possible de s’en sortir, comme lui : « Je veux montrer qu’on est capables de réussir et de franchir toutes les portes. »

Comment expliquer le fossé entre les politiques et les jeunes de banlieue ? Si les uns et les autres ne semblent pas se comprendre, c’est en partie parce que les jeunes sont « difficiles à aborder », selon notre invité. Il déplore un territoire qui a pris l’habitude de « se tenir à l’écart », menant à des difficultés à « sortir de sa zone de confort ». Il cherche donc à réintégrer les jeunes dans les discours politiques, à leur redonner confiance en eux et à les encourager à s’ouvrir davantage. Pour lui, les Jeux Olympiques sont le genre d’événement international qui peut motiver les jeunes à voir loin : « ils veulent être les organisateurs des JO », explique-t-il. 

La politique dans le 93 

Étant lui-même soutenu par la préfecture, Salim Dabo indique s’entendre « super bien » avec les élus locaux. Il souligne notamment le travail effectué par Mathieu Hanotin, le maire de Saint-Denis, dans l’organisation des Jeux. Pour les législatives, c’est la coalition de gauche qui a majoritairement remporté le département, bien que le Rassemblement national ait réussi à placer trois candidats en Seine-Saint-Denis. Un soulagement pour notre invité qui dit attendre une « nouvelle évolution » dans la politique nationale à la suite des Jeux pour pouvoir enfin reprendre confiance en l’avenir et construire durablement. Il appelle directement le président de la République à « fonder un avenir serein pour [eux] », c’est-à-dire de faire en sorte de contrer la montée en puissance de l’extrême-droite pour protéger les minorités des banlieues. 

Du haut de ses 25 ans, ce n’est pas l’ambition qui manque à Salim Dabo. Faire de la politique ne l’effraye pas : « Je suis déterminé à faire de la politique et à essayer de casser les stéréotypes sur les banlieusards. » Bien qu’il avoue avoir encore de « l’expérience à acquérir », il voudrait faire valser les clichés sur les professions imposées aux habitants des banlieues, souvent suite à des orientations subies dès la troisième, qui mènent les jeunes à des formations CAP ou Bacs Pros qu’ils n’ont pas toujours choisies.