Les chiffres sont toujours aussi inquiétants. Trois ans après le Grenelle des violences conjugales de 2019, les associations déplorent plus de 100 féminicides en 2022. Malgré l’arsenal de mesures mises en place par le gouvernement, le nombre de femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint ne baisse pas. Selon les chiffres publiés par l’association Nous toutes, au 22 novembre 2022, on dénombrait 121 féminicides depuis le début de l'année 2022. « Ces chiffres sont inquiétants. Et ce, malgré des efforts sans précédent effectués depuis les cinq dernières années », réagit, Isabelle Rome, ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Égalité des chances, invitée des 4 Vérités, vendredi 25 novembre, sur France 2. « Des moyens inédits ont été mis en matière de formation, en termes d’outil de protection des victimes. Cela signifie que nous ne devons pas baisser les bras », précise-t-elle, favorable à plus de « formation et de spécialisation des acteurs ».
La ministre doit se rendre à Dijon avec le président de la République et le garde des Sceaux, ce vendredi 25 novembre, journée de sensibilisation sur la cause, afin de parler du sujet. De leur côté, les associations demandent plus de moyens. « L’idée est de pouvoir trouver des solutions pour rendre la justice plus efficiente, plus réactive toujours dans un souci d’assurer la proximité avec les victimes. Ce qui compte, c’est de protéger au mieux la victime, d’avoir un parcours de protection intégral, comme en Espagne », assure Isabelle Rome. La ligne d’urgence ouverte depuis deux ans, 24 heures sur 24, a enregistré une hausse des appels, mais encore trop de cas passent sous les radars. « Tout au long de l’année, il faut informer et former davantage toutes les personnes qui peuvent être en contact avec les victimes et ne jamais les laisser isolées dans leur souffrance », explique la ministre.
Dans ce contexte, de nouvelles accusations visent le député LFI, Adrien Quatennens. Accusé de violences par son épouse, en septembre dernier, ce dernier préparait son retour à l’Assemblée nationale, mais de nouvelles accusations semblent éloigner cette perspective. En effet, Céline Quatennens, a déclaré le 23 novembre dernier, à l’Agence France Presse, être victime de « violences physiques et morales » depuis « plusieurs années ». Ce que l’insoumis dément. De son côté, le parti a finalement annoncé qu’il attendrait la « décision de justice » pour décider « collectivement des suites à donner en son sein ». « Cette affaire est en cours et il faut attendre la décision de justice qui sera rendue en décembre », commente Isabelle Rome, qui ne souhaite pas que ces « affaires graves soient l’objet d’instrumentalisation politique ». « Donner une gifle à sa femme n’est jamais un acte anodin et doit interroger », souligne-t-elle.
Avec 337 voix pour et 32 contre, l’Assemblée nationale a adopté, jeudi 24 décembre, une proposition de loi portée par la gauche et soutenue par la majorité présidentielle, visant à inscrire le droit à l'avortement dans la Constitution. Le texte doit désormais passer devant le Sénat, réputé plus conservateur, et fera l’objet d’un référendum. Se réjouissant de cette « victoire transpartisane », la ministre estime qu’il est « fondamental que ce droit soit protégé par les remparts de la Constitution afin que l’on ne puisse pas revenir dessus trop facilement ».