Description

« Un géant, un juste, un homme des lumières ». Les hommages sont unanimes depuis que la mort de Robert Badinter, ancien ministre de la Justice et avocat, a été annoncée, vendredi 9 février 2024. Invité sur le plateau des 4 vérités, Jack Lang, ministre de la culture l’année où Robert Badinter fut désigné garde Sceaux, se souvient d’un homme qui a fait « bien plus qu’abolir la peine de mort ». « C’était un combattant de la liberté », dit-il. Ajoutant que « bien avant 1981, année lors de laquelle la fameuse abolition de la peine de mort fut proposée, « nous [François Mitterand, Jack Lang et Robert Badinter, NDRL] nous retrouvions chez lui afin de travailler à l’élaboration d’une charte des libertés ». L’ancien avocat a aussi, rappelle le ministre délégué à la Culture du 24 mars 1983 à décembre 1984, contribué à l’amélioration des conditions de vie en prison, y introduisant par exemple la télévision et la radio. Et il s’est également battu contre la condamnation à la perpétuité, qui est, rappelle Jack Lang, « une condamnation à une mort lente ». Par ailleurs, au-delà des libertés civiles, le grand homme s’est battu pour sortir les libertés locales des mains des uniques préfets, et même pour la liberté des radios. « Enfin, il s’est battu pour la liberté en général ». 

Homme intègre et entier dans ses convictions, Robert Badinter l’était aussi dans son attitude. Jack Lang se souvient d’un impressionnant « personnage » au « physique, à l’allure et à la voix  tour à tour surprenante, douce ou exaltante ». Sommes toutes, un mot qui, juge le président de l’Institut de monde arabe, pourrait résumer son ancien ami, serait « fidélité ». Aux convictions et aux amitiés notamment. 

Des hommages unanimes à Robert Badinter, décédé le vendredi 9 février 2024

À propos de cette immense intégrité, Jack Lang rappelle ce discours historique prononcé lors du 50ème anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv en 1992. Lors de cette cérémonie commémorative, François Mitterrand, alors président de la République, avait été accueilli par des sifflets et des violentes invectives d’une partie de l’assistance à cause de son amitié avec René Bousquet, organisateur de la Rafle du Vel d’Hiv’. Robert Badinter, qui, selon le conseiller de Paris dans les années 1980, « savait que son ami, à aucun moment, n’était traversé par l’ombre d’un quelconque racisme », s’est dressé pour défendre le Président de la République. 

La mort de Robert Badinter a donc déclenché des hommages unanimes, même du côté du RN. Marine Le Pen a notamment salué une « figure marquante du paysage politique et intellectuel ». Jack Lang rappelle toutefois qu’en son temps, le garde des Sceaux avait fait l’objet d’une « manifestation hostile devant le Palais de Justice, dans la presse et ailleurs » à cause de ses convictions de liberté. 

Reste-t-il toujours quelques flammes de cette gauche de 1980 incarnée par Robert Badinter, François Mitterrand et Jack Lang ? « Oui, dans le cœur de beaucoup de gens », considère le président de l’Institut du monde arabe. Aujourd’hui, la France porte-t-elle encore un idéal collectif ?  La gauche est, malheureusement, déplore l’ancien ministre de la Culture, « divisée en mille morceaux. »

Depuis la mort du ministre, une pluie de voix se sont élevées pour demander son entrée au Panthéon. Jack Lang juge que ce serait « une très bonne chose ». Cette figure « forte et symbolique » pourrait « inspirer les générations à venir ».