L’ancienne députée de la majorité Stella Dupont a annoncé le jeudi 3 octobre 2024 quitter le parti mené par Gabriel Attal. Cette ancienne partisane de la politique du dépassement du clivage gauche/droite prôné qui a ouvert les portes de l’Élysée à Emmanuel Macron se dit aujourd’hui « interpellée » par l’état actuel de la politique. « Je suis une femme de centre gauche », se présente-elle face à Jeff Wittenberg, expliquant que c’est sensibilité lui tenant à coeur qui l’a amenée à poser sa démission d’Ensemble pour la République.
Selon elle, la nomination de Michel Barnier, incarnant une « droite dure » au poste de Premier ministre par le chef de l’État le 5 septembre dernier ne s’accorderait pas avec ses valeurs. Les membres du gouvernement sont pour cette macroniste réformée des personnalités « très à droite, voire réactionnaires », à l’instar de Bruno Retailleau, Laurence Garnier, ou encore Geneviève Darrieussecq. « Ce qui me préoccupe, c’est l’emprise et l’ambiguïté vis-à-vis du Rassemblement national », explique-t-elle, évoquant le recadrement du ministre de l’Économie Antoine Armand par le Premier ministre lorsqu’il excluait le parti de Jordan Bardella de l’arc républicain.
Bien qu’elle avoue avoir du respect pour Michel Barnier « compte tenu de son parcours », notre invitée de n’est pas retrouvée dans les mots exprimés par ce dernier lors de son discours de politique général de ce mardi 1er octobre 2024, qu’elle a qualifié d’« assez flou ». « Les gens que je rencontre ne me parlent pas d’immigration, ils me parlent de salaire, de justice, de santé, de logement : c’est ça, les sujets des Français », précise-t-elle, avant d’ajouter être d’accord avec le principe de justice fiscale avancée par le Premier ministre. Selon elle, il faudrait être plus précautionneux au sujet de l’immigration qui ne serait « pas la problématique majeure » au risque de « stigmatiser tous les étrangers », qui font pourtant tourner l’économie du pays.
Pas de censure
Si Stella Dupont affiche un désaccord de principe en quittant les bancs de l’Assemblée nationale, après y avoir été réélue en tant que députée aux dernières élections législatives, elle insiste sur sa volonté de ne pas censurer ce nouveau gouvernement. « Je suis animée d’un esprit de coalition, de compromis », détaille cette ancienne socialiste. Puis d’ajouter : « Je suis en retrait car les valeurs et la couleur portées par le gouvernement m’amènent à me dire que je ne peux pas le soutenir ». Dans un élan de rébellion molle, Stella Dupont rejette le gouvernement sans vouloir le censurer complètement, par « responsabilité ». « Nous sommes dans un moment de possible désordre dans le pays qui nous donne une responsabilité induisant à chercher les compromis », indique-t-elle. Dans les mois qui suivent, elle se contentera donc de voter pour ou contre les lois ainsi qu’être « force de proposition. » Puis de préciser : « Je pourrais être amenée à censurer le gouvernement si des mesures me semblaient en dehors de l’état de droit, de l’esprit français et du vivre ensemble. »
« Mon intention première n’est pas de voter la censure, surtout s’il n’y a pas d’alternative à gauche. » La faute à une gauche « désordonnée », qui amène notre invitée à vouloir réunir les personnes partageant sa sensibilité de centre gauche, qui seraient dispersées dans divers partis, allant des Socialistes aux Républicains, en passant par Ensemble et le Modem. « On a besoin de se regrouper, je pense qu’on a besoin de lisibilité car les Français ne comprennent pas. Il faut que nous soyons plus audibles pour contribuer au débat et à l’arbitrage », insiste celle qui admet se « projeter vers demain », ne reniant pas totalement son allégeance au mouvement du chef de l’État.