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Parmi les outsiders qui soutiennent la majorité et leur réforme des retraites, Jean-Paul Mattei à la tête du groupe Modem à l’Assemblée nationale, retient son souffle avant la décision du Conseil constitutionnel qui devrait rendre son verdict ce vendredi 14 avril 2023. Alors que le pays est paralysé par les grèves et les blocages liées à la mobilisation lancée par l’intersyndicale, le sort de la réforme des retraites est entre les mains des Sages qui ont pour mission d’analyser la compatibilité du projet de loi avec la Constitution, au regard du débat parlementaire bafoué par l’exécutif. Pour Jean-Paul Mattei, invité des 4 vérités ce vendredi 14 avril, l’avis du Conseil constitutionnel est crucial. Le président du groupe Modem à l’Assemblée nationale envisage deux scénarios à l'issue de cette consultation. S'il défend ce projet de loi à l’origine des défilés incessants, il n’écarte pas la possible qu’il soit censuré à cause des « cavaliers législatifs » qui se seraient glissés dans certaines mesures de la réforme, à commencer par la mise en place d’un index et d’un CDI senior : « Ils pourront tout à fait être réétudier dans une analyse plus globale du texte » pondère-t-il. 

À gauche, les députés sur le banc de l’opposition sont favorables au référendum d’initiative partagée concernant le report de l’âge légal de départ à la retraite. Est-ce un progrès ou au contraire une difficulté supplémentaire posée au gouvernement qui ne semble pas vouloir rogner cet aspect de la réforme ? « Çà manque un peu de densité mais c'est un outil démocratique qu’il faut respecter » assène notre invité qui continue de défendre l’utilité et la nécessité de ce texte « pour l’équilibre financier ». À quelques heures du verdict du Conseil constitutionnel, une question se pose : la décision de cette instance suprême va-t-elle mettre fin à la mobilisation sociale même si cette dernière consent à valider la réforme telle qu’elle ? Au Modem, les députés ont insisté sur la mise en place « d’une clause de revoyure qui prévoit qu’il y aura la remise d’un rapport au 1er octobre 2027. Ce rapport sera débattu […] il sera tout à fait possible à ce moment-là de se saisir de cette question » explique Jean-Paul Mattei qui rappelle que l’âge de départ à la retraite revu à la hausse à 64 ans n’a pas d’effet immédiat et ne sera pas applicable en 2027. « On a une projection dans le temps qui me semble nécessaire. J’invite les forces syndicales à réfléchir sur ce sujet, à se saisir de cette possibilité et de travailler sur l’application de la loi, voir si les équilibres sont bien respectés […] rien n’est fermé » poursuit-il. Du côté des syndicats, la ligne de conduite est claire et le combat continue quelque soit la décision du Conseil. Leur objectif ? Faire retirer la réforme des retraites. Depuis le début de la mobilisation, partenaires sociaux et syndicaux marchent de concert pour faire plier le gouvernement. Une alliance historique que salue Jean-Paul Mattei : « Ils ont prouvé dans d’autres domaines qu’ils étaient capables de se mettre d’accord sur certains sujets » en référence à l’accord national interprofessionnel sur le partage de la valeur et sur l’économie verte. Concernant la réforme des retraites, le patron de la CFDT, Laurent Berger, avait évoqué il y a quelques semaines, la nécessité d’une médiation. Si l’exécutif est resté sourd à cet appel, il avait été entendu par le groupe Modem soulignant une dissonance claire au sein de la majorité. « Je pense que le moment est venu de se mettre autour d’une table et de travailler […] on peut avoir une réflexion à long terme sur les réformes et une loi travail qui prendra en compte certains sujets notamment sur le temps de travail. Je pense que toutes les pistes sont ouvertes. Il faut qu’on les saisisse » affirme notre invité malgré le flop des négociations entre les syndicats et l’exécutif à Matignon, il y a quelques jours. 


Réformes des retraites : quelles suites possibles


Un an après la réélection d’Emmanuel Macron à l’Élysée, quel bilan tirer de ce début de quinquennat, pour le moins mouvementé et sans majorité à l’Assemblée nationale ? « Il faut qu’on se projette sur des textes importants avec la loi travail, une loi sur le logement, sur la santé […] » explique Jean-Paul Mattei avant de défendre des « textes défensifs » inscrits dans des périodes de crise comme celle des Gilets Jaunes et de la crise sanitaire. Très attaché à l’équilibre des finances publiques malgré la campagne du « quoi qu’il en coûte », le groupe Modem se dit « extrêmement vigilant » sur les réformes à venir concernant le pouvoir d’achat en chute libre des Français. « Il faut qu’on réfléchisse à d’autres vecteurs qui puissent essayer d’élargir notre majorité relative » martèle notre invité. C’est d’ailleurs un sujet au cœur des revendications sociales des manifestants qui ont relancé le débat sur le partage des richesses. Alors que le groupe Modem avait défendu une taxe sur les super dividendes, peut-on maintenir un statu quo fiscal ? « Je crois qu’il faut être lucide. Les revenus du travail contribue plus au budget de l’État que les revenus du capital […] Ça reviendra sur la table » conclut Jean-Paul Mattei.