Alors que la guerre en Ukraine impacte gravement le secteur de l’agriculture, le président de la République a annoncé hier soir un plan de résilience pour aider les agriculteurs à faire face à la crise. Julien Denormandie, ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation nous éclaire sur ce plan déployé par Jean Castex qui a pour objectif d’enrayer la flambée des prix des énergies et d’atténuer les répercussions du séisme sur les marchés alimentaires. « Ce plan de résilience apporte des éléments très concrets pour baisser le coût du gasoil, du gaz et apporter des aides à l’alimentation animale » explique notre invité au micro de Caroline Roux. Une aide historique de 400 millions d’euros à destination des éleveurs pour pérenniser leurs activités en proie à un modèle agricole gelé. En marge du plan Castex, de nouvelles négociations pour sécuriser les producteurs seront ouvertes demain, visant cette fois la grande distribution : « Elle doit être solidaire […] un agriculteur ne peut pas prendre sur son propre revenu l’ensemble des surcoûts liés à ce qu’il se passe ». Dans le contexte actuel, Julien Denormandie alerte les français sur la hausse des prix inévitables qui va toucher les denrées alimentaires avant d’ajouter que cette inflation est deux fois inférieure à celle du reste de l’Europe grâce aux « boucliers tarifaires » mis en place par le gouvernement. Si certains distributeurs de carburant ont accepté de baisser de quelques centimes les prix à la pompe, quels leviers à le gouvernement pour faire pression sur les grandes enseignes alimentaires et les contraindre à baisser les prix ? L’ancien secrétaire d’État évoque la loi Egalim 2 votée le 18 octobre 2021 qui vise à imposer aux distributeurs de « partir des coûts de production des agriculteurs ».
Ukraine : le retour du « quoi qu’il en coûte » ?
Alors que notre invité dresse les investissements colossaux de l’État chiffrés à 30 milliards d’euros pour atténuer les conséquences de la guerre sur le sol français, est-ce le retour du « quoi qu’il en coûte » ? Pour le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, cela reste « très ciblé » et table uniquement les secteurs enclin à une augmentation de coût. Si le gouvernement rassure les français sur l’anticipation de la pénurie alimentaire, le pire reste-t-il à venir ? Tandis que la Russie va commencer à cesser les exportations, l’Argentine a décidé d’augmenter de 35% les taxes à l’exportation. « Je suis très inquiet d’une crise alimentaire à l’échelle internationale » argue Julien Denormandie qui alerte sur un risque de famine dans les prochains mois. Néanmoins, il félicite le modèle agricole français qui est selon lui « souverain et indépendant ». À quelques semaines du premier scrutin, cet ingénieur des eaux et forêts promeut une souveraineté européenne à commencer par la relocalisation de la production de protéines, encore trop dépendante du Brésil. Et de poursuivre que « l’Europe doit assumer son rôle nourricier » afin de pérenniser les pays d’Afrique du Nord qui dépendent à 80% des importations russes de blé.
Cet après-midi, Emmanuel Macron va présenter son programme lors d’une conférence de presse. Alors que ses adversaires lui reprochent sa désertion de la campagne présidentielle, le candidat à sa propre succession va t-il présenter un plan de prolongement du quinquennat ? Pour Julien Denormandie, le programme d’Emmanuel Macron est « tourné vers l’avenir […] on parle d’un objectif de plein emploi dans notre pays ». Souvent comparé à un medley des propositions de ses concurrents, le programme du président en campagne est loin d’obtenir la majorité des suffrages. Le chef du ministère de l’Agriculture défend son candidat « Il conjugue ce retour du tragique avec une projection sur l’avenir ».