Le bras de fer contre la réforme des retraites est incontestablement installé entre le gouvernement et sa majorité, et de l’autre, l’opposition et la rue. Mardi 31 janvier 2023, la deuxième journée de mobilisation a réuni près de 1,3 million de personnes dans toute la France, selon les autorités. Un record, contre une réforme sociale, depuis 1995. « On est très heureux de cette mobilisation. C’est formidable. C’est très complémentaire du travail que nous pouvons fournir à l’Assemblée nationale », réagit Laure Lavalette, porte-parole du groupe RN à l’Assemblée nationale, invitée des 4 Vérités, jeudi 2 février 2023, sur France 2. S’ils sont ouvertement opposés à la réforme des retraites et qu’ils soutiennent le mouvement social, les élus RN sont néanmoins absents des cortèges. « Il y a beaucoup d’électeurs du RN qui sont dans les rues. La mienne, c’est dans l’hémicycle », souligne la députée du Var, qui soutient les deux prochaines journées de manifestation, les 7 et 11 février prochains, sans néanmoins appeler ses sympathisants à faire grève. « On étudie ce texte dans un temps qui est contraint », a-t-elle précisé, fustigeant la stratégie de la Nupes.
Lundi 30 janvier, s’est ouvert l’examen du texte en Commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale. Environ 7 000 amendements ont été déposés sur le texte de 20 articles, dont plus de 6000 venant de la Nupes, contre 75 provenant du RN. Certains députés accusent l’union de la gauche de ralentir les débats. En effet, tous les amendements n’ont pu être débattus en trois jours. « Il en suffit d’un, celui contre l’article 7, (qui prévoit l’allongement de l’âge légal de départ à 64 ans, NDLR), dont nous n’avons même pas pu débattre, tellement la Nupes a pourri le débat », regrette Laure Lavalette. S’il se montre ferme sur l’allongement de l’âge légal du départ à la retraite, le gouvernement se dit néanmoins ouvert au dialogue. « Si jamais ce texte devait passer, il faut qu’il soit le moins pénible pour les Français. On ne peut pas regarder ce saccage social les bras croisés », affirme la députée. « Les Français ne doivent pas travailler plus longtemps. Cette réforme est injuste, elle est illégitime. Les Français ne doivent pas payer les mauvais choix politiques », martèle-t-elle en plus.
Immigration : avec ou sans le RN ?
Autre sujet brûlant : la loi immigration, présentée mercredi 01 février en Conseil des ministres. Elle prévoit notamment de faciliter les procédures d’expulsion ou encore de renforcer l’exécution des OQTF. « On ne les croit plus. C’est de l’enfumage », balaye Laure Lavalette. « Ce qui compte, c’est la volonté politique et je ne pense pas que Gérald Darmanin ait la volonté politique », estime-t-elle. Le projet de loi propose notamment la création d’un titre de séjour dans les « métiers en tension », destiné aux travailleurs en situation irrégulière. « C’est une prime à l’illégalité. (…) Cela pose une vraie question déontologique », affirme l’élue, qui n’exclut néanmoins pas que le RN pourrait voter certains aspects de cette loi.