Le grand feuilleton des législatives s’est enfin achevé ce dimanche 7 juillet 2024. Et le deuxième round de cette élection anticipée s’est soldé avec un taux de participation record à 66,7%, un score jamais atteint depuis 1997. Verdict ? Point de majorité absolue mais une Assemblée nationale qui se dessine à gauche avec 182 sièges pour le Nouveau Front Populaire. En effet, la coalition de gauche savoure cette victoire tandis que le RN, largement en tête au premier tour, a du mal à cacher sa déception avec 143 sièges derrière Ensemble (168). Si Jordan Bardella ne poussera pas les portes de Matignon, faute de majorité absolue, l’extrême-droite consolide plus que jamais sa position avec un nombre d’élus record. Bilan de ce scrutin surprise, personne n’est assez fort pour gouverner. La confusion règne sur la scène politique avec des majorités à géométrie variable, qui demeurent toutes irréconciliables. Alors que le Premier ministre, Gabriel Attal, devrait présenter sa démission à Emmanuel dans la matinée, que peut-on attendre du nouveau gouvernement ? Pour Yaël Braun-Pivet, présidente sortant de l’Assemblée nationale et députée Ensemble des Yvelines, la politique du compromis reste donc d’usage pour tenter de réformer le pays en présence de nombreuses forces politiques : « Les Français nous enjoignent à nouveau de travailler ensemble […] c’est ce qu’il se passe dans l’ensemble des pays qui nous entourent […] je crois plus que jamais à la coalition parce c’est le message que moi j’entends des Français » observe notre invitée.
Législatives : qui pour gouverner la France ?
À l’annonce des premiers résultats anticipés, Jean-Luc Mélenchon s’est exprimé. Il a insisté sur la nécessité d’unir les forces progressistes pour continuer la lutte contre les inégalités sociales et économiques. "Les résultats de ces élections montrent que le peuple aspire à un changement profond. Nous devons être à la hauteur de cette espérance", a-t-il déclaré. Le chef de file de LFI a également critiqué les partis traditionnels pour leur incapacité à répondre aux préoccupations des citoyens et pour leur complicité dans le maintien d’un système qu’il juge inégalitaire et injuste. Enfin, il a réitéré son engagement à porter la voix des sans-voix et à se battre pour une société plus solidaire et équitable. Ce dernier n’a pas hésité à interpeller le président de la République à qu’il somme d’appeler le Nouveau Front Populaire à gouverner. « Il revendique l’exercice du pouvoir et l’application intégrale du NFP et ça, dans une Assemblée où on ne détient pas la majorité, ça n’est pas possible sauf à coup de 49-3 mais je ne crois pas que ce soit l’attention de Jean-Luc Mélenchon. Il va falloir de toute façon que chacun fasse un effort pour trouver un programme de gouvernement qui permette d’avancer et de répondre aux attentes des Français » martèle Yaël Braun-Pivet.
Le suspens des législatives se poursuit avec une question cruciale : qui pour prendre la succession de Gabriel Attal à Matignon ? Le bal des scénarios est ouvert pour tenter de percer le secret de ce vaudeville politique et tous restent suspendus aux lèvres d’Emmanuel Macron qui devrait bientôt prendre sa décision. Pour l’heure, la présidente sortante de l’Assemblée nationale tient à saluer « la formidable campagne » de Gabriel Attal pour l’ancienne majorité avant de s’attacher aux futures coalitions pour tenter de gouverner cette Assemblée tripartite. Ce dimanche 7 juillet 2024, Édouard Philippe a appelé à un accord non pérenne hors RN et hors LFI pour gérer le pays. Une hypothèse qui semble séduire Yaël Braun-Pivet : « Il faut que l’on soit allié avec des personnes qui partagent nos valeurs et nos objectifs […] c’est un formidable succès pour la démocratie » ajoute notre invitée. Qui dit coalition dit également concession des uns et des autres pour dessiner les contours d’un programme commun. Alors, l’ancienne majorité présidentielle est-elle prête à abroger sa réforme des retraites qui a tant divisée au même titre que celle sur l’immigration ? C’est la ligne rouge à ne pas franchir pour le camp Macron : « Non, cette réforme est nécessaire et indispensable […] Ça ne peut pas être un retour en arrière sur ce qui a été fait depuis deux ans donc il faut avancer » affirme la députée réélue des Yvelines avant d’avancer les chantiers prioritaires à savoir l’augmentation de salaires promise par la gauche.
Législatives : la pari perdu d’Emmanuel Macron
Si Emmanuel Macron reste de marbre et dissimule quelque réaction que ce soit, celle de Gabriel Attal est sans appel. En effet, ce dernier devrait quitter Matignon avec un goût amer, celui d’une dissolution qu’il n’a pas choisi et qu’il refuse de subir. Un sentiment partagé par d’autres membres de la garde rapprochée du chef d’État qui l’accusent d’avoir commis une faute politique. De son côté et bien qu’elle fut l’une des premières à s’opposer à cette décision, Yaël Braun-Pivet souhaite tourner la page de cet épisode politique houleux. Celle qui réclamait depuis des années une coalition la rappelle de des vœux, voire même l’exige : « Si nous parvenons à gouverner ensemble, en faisant chacun des concessions, dans un esprit républicain de rassemblement, ça aura quelque chose de bien » explique notre invitée qui fait de la constitution d’un « grand bloc central républicain et progressive » sa priorité numéro un. Cette dernière n’exclut pas la possibilité de regagner son poste de présidente de l’Assemblée nationale, aussi relative soit-elle : « C’est un peu tôt pour me porter candidate mais pendant deux ans j’ai montré que j’étais capable de gérer une Assemblée dans laquelle il n’y avait pas de majorité, j’ai inventé des choses avec des présidents de groupe […] la coalition, l’entente et le rassemblement sont dans mon ADN politique » défend-t-elle.