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Il y a presque un an jour pour jour, Laurent Berger cédait son siège de dirigeant de la CFDT à Marylise Léon. Si cette ancienne figure syndicale a déserté l’espace politique, elle est pourtant au cœur de nombreuses conversations à gauche. À moins de six jours des législatives, l’ancien patron de la CFDT se dit inquiet par la montée en puissance de l’extrême-droite et la « possible arrivée du Rassemblement National au pouvoir dans ce pays ». Ce dernier tient à alerter l’opinion publique sur les conséquences d’un tel virage politique, au moment même où les Français sont invités à se rendre aux urnes pour le premier tour des élections ce dimanche 30 juin 2024. Particulièrement attaché aux droits des salariés qu’il a défendu sous la bannière de la CFDT pendant plusieurs années, Laurent Berger souhaite recentrer le débat sur les réels problèmes qui gangrènent actuellement le pays, à savoir « l’inflation, le logement, la sécurité ». Parmi les nouveaux enjeux prioritaires, la transition environnementale préoccupe particulièrement l’ancien secrétaire général de la CFDT : « Face à ces angoisses, il faut co-construire et avoir des réponses à hauteur de femmes et d’hommes […] Le Rassemblement National, c’est le parti de la peur. Face à ces peurs, il faut apporter des solutions concrètes et des perspectives plus positives. Ce n’est malheureusement pas ce qu’il se passe » explique Laurent Berger. Si ce dernier refuse catégoriquement de défendre les couleurs de quelque parti que ce soit, il s’oppose néanmoins fermement au RN. 

Dans un dernier élan pour rassembler les électeurs autour de l’ancienne majorité présidentielle, Emmanuel Macron a adressé une lettre aux Français, ce dimanche 23 juin 2024. Et le chef d’État n’a pas hésité à égratigner la nouvelle alliance à gauche qu'il considère comme une coalition hétéroclite et instable. Mis dos à dos avec le Nouveau Front Populaire, le chef de file de Renaissance a critiqué ces adversaires pour leurs positions économiques et sociales qu'il juge irréalistes et dangereuses pour la stabilité du pays. En effet, le président de la République affirme noir sur blanc que cette alliance « refuse la clarté sur la laïcité et l’antisémitisme ». Des propos que ne semblent pas vouloir contredire Laurent Berger qui note lui-aussi, quelque carences de ce point de vue : « Il en manque dans certaines franges du Nouveau Front Populaire. Ce poison de l’antisémitisme ne peut souffrir d’aucune ambiguïté, comme il faut être extrêmement clair sur la laïcité et sur les règles de vie collective » martèle notre invité. 

L’heure du choix 

Aux côtés de Philippe Martinez, ancien secrétaire général de la CGT, Laurent Berger a incarné l’an dernier le combat contre la réforme des retraites. Sorte de David contre Goliath, les syndicats n’auront finalement pas su faire plier le gouvernement malgré une très forte contestation de part et d’autre de l’échiquier politique. Devenu un sujet électoral à part entière, le chapitre des retraites pourrait être une nouvelle fois débattu, à l’instar de la gauche qui inscrit le retour de la retraite à 60 ans dans son programme. Alléchant sur le papier, est-ce néanmoins réaliste ? Si Laurent Berger ne souhaite pas s’exprimer sur la pertinence des propositions, il compte bien faire barrage à l’extrême-droite : « Le risque c’est le Rassemblement National. Le choix du RN c’est une erreur » martèle notre invité sans équivoque. 

La question des salaires est au cœur du programme des trois blocs politiques. Du côté du RN, le clan Bardella propose une augmentation significative des salaires, notamment en supprimant les cotisations sociales sur les heures supplémentaires pour encourager le travail et augmenter les revenus. Il préconise également de baisser les charges patronales pour les petites et moyennes entreprises afin de favoriser l'embauche et la hausse des salaires. En parallèle, le parti souhaite instaurer un protectionnisme économique pour préserver les emplois et les salaires en France, tout en luttant contre le dumping social en limitant l'immigration économique et en révisant les accords de libre-échange. Si l’on s’en remet aux sondages, l’hypothèse d’une victoire du RN reste la plus forte. Dans sa gouvernance, Jordan Bardella souhaite associer les partenaires sociaux notamment à l’occasion d’une conférence sociale sur les salaires qu’il prévoirait pour l’automne. « Le RN promet tout et n’importe quoi. Il veut imposer un modèle de société plus autoritaire », fustige notre invité qui pointe du doigt la politique salariale du RN. 

Au lendemain des Européennes et de l’annonce de la dissolution dans la foulée, Raphaël Glucksmann était l’invité du 20h d’Anne-Sophie Lapix. Dans cet entretien, le député européen n’a pas hésité à gratifier Laurent Berger, qu’il verrait bien Premier ministre. Un projet bien loin d’animer cette ancienne figure syndicale qui semble s’être définitivement retirée de la vie politique : «  Ce qu’il faut, c’est de l’apaisement, de la réconciliation et la capacité à se parler et à passer des compromis » préconise notre invité qui ne voit pas plus Jordan Bardella que Jean-Luc Mélenchon pousser les portes de Matignon. S’il refuse de se prononcer en faveur d’un éventuel candidat en lice pour le titre, Laurent Berger se concentre sur ce qu’il considère de première urgence : éviter le RN coûte que coûte.