Après quatre jours de négociations, les partis de gauche ont trouvé un terrain d’entente. Ils ont signé, dans la nuit du jeudi 13 au vendredi 14 juin 2024, un accord. Un Nouveau Front populaire constitué de la France Insoumise, du Parti socialiste, du Parti communiste et des Écologistes ainsi que plusieurs autres petits partis de gauche a émergé. Vendredi 14 juin, lors d’un déplacement dans le Loiret, Jordan Bardella a érigé ce Nouveau Front populaire comme son « principal adversaire » pour les législatives à venir, le 30 juin et le 7 juillet. Invitée dans les 4 vérités, sur France 2, Marine Tondelier, secrétaire nationale d’Europe Écologie Les Verts, le confirme. Elle rappelle l’incohérence selon elle d’une dissolution de la part du président Macron. « Qu’espérait-il ? En quelques jours, il est déjà dix points derrière nous ». Selon un sondage OpinionWay pour CNews, Europe 1 et le JDD, le RN mènerait, avec 32% des intentions de vote, suivi du Front populaire, avec 25%. Renaissance rassemble quant à lui 19%. « Ça montre bien que le mot majorité présidentielle n’a plus de sens et qu’elle est en sursis », estime la responsable politique. Elle appelle la société civile à voter pour son parti. « On a besoin de vous, c’est le moment ! », martèle-t-elle.
À gauche, un « contrat de législature » est mis en place. Des mesures concrètes, comme l’augmentation du SMIC à 1600€ net, l’indexation des salaires sur l’inflation ou le blocage des prix sur les produits de première nécessité y sont détaillées. Du côté de la majorité, ce programme a été chiffré à plus de 286 milliards d’euros. Citant un bilan « chiffré à 9 millions de pauvres et un peu plus de pauvres chaque jour », Marine Tondelier estime « ne pas avoir à recevoir de leçons de cynisme des Macronistes.» Pour financer ces mesures, la gauche compte aller "chercher l’argent là où il est", notamment dans les superprofits. « Ça s’appelle la justice ! », martèle-t-elle.
Ce contrat de législature prévoit également de booster la filière de l’environnement, et notamment celle des énergies renouvelables. Pas un mot, en revanche, sur le nucléaire. L’écologiste justifie ce fait par le devoir d’écrire un contrat pour cent jours, et celui de législature valant pour deux ans. En ce temps réduit, impossible de fermer une centrale nucléaire. En deux ans, les Écologistes préfèrent donc se concentrer sur « l’urgence » : celle des renouvelables, donc.
Jean-Luc Mélenchon est-il la ligne rouge à ne pas franchir en cas d'élection d’un premier ministre à gauche ?
À propos du Nouveau Front populaire, toutes les interrogations n’ont pas été levées. Personne ne sait, par exemple, encore qui ira à Matignon si la gauche remporte ces élections législatives. À l’inverse de plusieurs personnalités de son camp, Marine Tondelier préfère ne pas assurer, pour l’instant, être « capable » d’être Premier Ministre si la situation se présentait. « On a construit un collectif, et c’est à ça que je tiens (…) Il est trop tôt pour dire qui sera Premier Ministre. Pour moi, chaque jour de cette campagne, les mues que nous sommes en train d’opérer chacun, décident si nous sommes capables ou pas ». Jean-Luc Mélenchon est-il la ligne rouge à ne pas franchir ? Pas de réponse franche de Marine Tondelier, qui argue tout de même que le sujet à propos du président des Insoumis s’est « résolu de lui-même », l’homme politique s’étant mis en retrait ces derniers jours.
Chaque parti qui a obtenu des circonscriptions les répartissent entre chaque candidat. Est-ce à dire qu’on a assisté à une forme de purge à la France Insoumise ? Alexis Corbière, Raquel Garrido, Danielle Simonnet ont en effet été écartés. « Ce n’est pas une sorte de purge. C’est une purge », confirme Marine Tondelier. « Je pense que c’est une erreur, je pense que c’est assez ridicule. On aura peut-être, bientôt, un premier Ministre d’extrême droite et on fait tout pour que ce ne soit pas le cas. Tout nous invite au sérieux, à la décence, et à l’intelligence », préconise-t-elle. Après avoir appris la nouvelle de cette « purge », Marine Tondelier dit avoir été « extrêmement choquée » et « avoir convoqué des instances pour en discuter ». « Je ne vois pas pourquoi nous ne soutiendrons pas des candidats qui sont des sortants. » Par ailleurs, Adrien Quatennens est investi dans le Nord malgré des affaires judiciaires. Une situation que la membre du Nouveau Front populaire juge "impossible". Marine Tondelier a en tout cas annoncé qu’elle ne serait pas titulaire mais suppléante dans le ticket du Nouveau Front populaire candidat dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais.