C’est un nouveau visage dans l’arène politique. À tout juste 27 ans, Léon Deffontaines va diriger la liste communiste aux élections européennes. C’est également l’une des têtes d’affiche de la Fête de l’Humanité qui débute aujourd’hui dans l'Essonne et le numéro deux du Parti Communiste sous la coupe de Fabien Roussel qui a fait une rentrée tonitruante. Le chef de file du PCF appelle à envahir les stations services, les grandes surfaces et les préfectures. Une action de « légitime défense » face à la hausse des prix, de plus en plus asphyxiante. Quel est le but de cette opération coup de point ? Pour Léon Deffontaines, la crise inflationniste est « une priorité ». Alors que le caddie des courses des Français a augmenté de 20% en seulement un an, ils attendent une réponse concrète des politiques. Bien que Bruno Le Maire ait engagé un bras de fer avec les industriels, certaines chaînes d’hypermarchés continuent de pratiquer des prix à la hausse. Pour restaurer le pouvoir d’achat des Français, le PCF prône une action forte et ainsi « provoquer le destin pour que le gouvernement agisse concrètement ». Selon cette jeune recrue politique, les mesures anti-inflationnistes mises en place par l’exécutif sont largement insuffisantes. En témoigne le constat des associations au bord de la faillite qui alertent sur la précarité des étudiants, mais pas seulement. De leur côté, Fabien Roussel et son second restent inflexibles et souhaitent imposer au gouvernement un certain nombre de sujets tels que « L’augmentation des salaires, l’augmentation des pensions de retraite et d’invalidité, l’augmentation des bourses ». Durant le grand brainstorming organisé par Emmanuel lors des Rencontres de Saint-Denis, le leader PCF a fait quelques propositions notamment « l’indexation des salaires sur l’inflation, le blocage des prix et la diminution des taxes sur le prix des carburants ». Sorte de révolte à la façon des Gilets Jaunes, la méthode Roussel va-t-elle porter ses fruits auprès des grands groupes et des pétroliers pour faire baisser les prix ? Concernant le prix exorbitant des carburants qui atteint par endroit 2€50, notre invité souhaite pointer du doigt la responsabilité des industries pétrochimiques qui tirent profit de la crise pour faire « des marges énormes » mais également celle de l’État qui reste, selon lui, inactif sur le sujet du pouvoir d’achat. « Nous avons fait une proposition d’augmenter le SMIC et le gouvernement a balayé d’un revers de manche ces propositions de loi. Nous voulons les remettre sur la table et nous attendons des Français qu’ils puissent agir en faveur du pouvoir d’achat ». Sur la forme, la méthode Roussel qui appelle à envahir les commerces et les institutions publiques, ne fait pas l’unanimité. Alors que le chef de file du Parti Communiste s’est déclaré « contre l’action violente », certains membres de l’opposition à l’instar de Jean-Luc Mélenchon soulignent une petite contradiction. En effet, le leader de La France Insoumise n’adhère pas à cette « initiative personnelle et violente ». De son côté, Léon Deffontaines se dit favorable à cette action forte pour éviter une nouvelle révolte mais également secouer ce gouvernement inflexible.
Nupes : l’union toujours difficile
Les électeurs français seront appelés aux urnes en juin 2024 pour les Européennes. Alors que la NUPES envisageait une tête de liste commune et n’avait pas écarté la candidature de Ségolène Royale pour représenter la gauche, Léon Deffontaines a décidé de jouer cavalier seul en prenant la tête de liste du Parti Communiste. Et ce, malgré la main tendue de Jean-Luc Mélenchon. Pour le protégé de Fabien Roussel, l’union ne fait pas la force dans ce scrutin. « Nous avons besoin de cohérence. Notre ambition c’est d’aller chercher aussi celles et ceux qui votent plus à gauche et des fois qui se perdent dans un vote d’extrême droite en leur proposant une alternative sur le projet européen par rapport à ce qui est proposé à gauche » affirme-t-il au micro de Jeff Wittenberg. Son arme de séduction politique ? « Défendre les travailleurs et l’emploi en France ». Un slogan que prône également le camp de Jean-Luc Mélenchon. Alors comment les distinguer ? « La différence c’est que nous nous disons que le 9 juin prochain, les élections européennes pourront s’apparenter à un référendum notamment sur la question de l’élargissement de l’Union européenne » nuance notre invité, fermement opposé à l’élargissement de l’UE au même titre qu’il s’inscrit pour le mix énergétique et l’investissement dans le fret ferroviaire contrairement à ses alliés de la Nupes. En 2019, la liste communiste avait obtenu 2,5% des voix avec 0 euro-député sortant. Comment cette jeune recrue peut-elle séduire les électeurs et détrôner ses adversaires à gauche ? Pour Léon Deffontaines, Fabien Roussel a su redorer le blason du parti, plus populaire et authentique : « Il est est devenu la personnalité de gauche préférée des Français » rappelle notre invité.
Ce vendredi 15 septembre 2023 s’ouvre la Fête de l’Humanité, un événement majeur durant lequel certaines personnalités politiques seront amenées à débattre sur des sujets éclectiques. À droite de l’échiquier politique, Édouard Philippe, grand champion des sondages aux européennes, va se confronter à Fabien Roussel. Une rencontre particulièrement attendue avec entre figures montantes que tout oppose. Si l’ancien Premier ministre se prête volontiers au jeu, d’autres personnalités politiques ont décliné l’invitation à l’instar du ministre délégué chargé des Transports Clément Beaune et le patron de Renaissance, Stéphane Séjourné. Le motif de leur absence ? La présence du rappeur Médine pour un concert prévu le samedi 16 septembre au soir. Ce chanteur extrêmement controversé, notamment pour ses propos sur la laïcité à une certaine époque et ses déclarations antisémites, a récemment fait scandale aux universités d’été de LFI et des Verts. « Nous n’avons pas notre mot à dire sur la programmation musicale […] nous ne l’invitons pas à débattre » temporise notre invité en réponse à une polémique qui ne désemplit pas.
Alors que l’interdiction du port de l’abaya promue par Gabriel Attal relance le débat sur la laïcité dans les établissements scolaires, la venue d’Emmanuel Macron à la messe célébrée par le pape le samedi 23 septembre interroge voire offusque certains membres de l’opposition. « Qu’il assiste à une messe publique, c’est contraire à un nouvel ordre de laïcité. J’aurais attendu du président de la République justement qu’il ait la décence de ne pas s’y rendre » fustige Léon Deffontaines.