Description

L’homme d’affaires et conseiller politique exerçant depuis des années dans l’ombre des puissants, a co-signé ce week-end avec Pierre Moscovici un plaidoyer pour « Un gouvernement du camp des modérés » dans la Tribune du Dimanche. Il est également l’auteur du « Dictionnaire des amoureux du Pouvoir », publié le 9 novembre dernier chez Plon. Dans une France marquée par une hausse des extrémismes politiques et des tensions liées au conflit israélo-palestinien et à la menace terroriste, Alain Minc préconise la modération politique, et dresse le portrait des influents et des hommes de pouvoir.

À commencer par Emmanuel Macron. Celui qui se qualifie comme « le vieil oncle acariâtre du macronisme » déplore le manque d’alliance dans les partis de la droite modérée. Selon lui, « le travail d’Emmanuel Macron, aujourd’hui, est de tout faire pour que Marine Le Pen ne lui succède pas ». Il préconise le principe de la désignation d’un candidat unique entre la droite républicaine et les partis macronistes, pour éviter à tout prix un deuxième tour entre Mélenchon et Le Pen en 2027. Ce qui devrait être une obsession pour le Président est remplacé par une autre obsession : l’idée, totalement fausse pour Alain Minc, d’une importation dans les banlieues du conflit au Moyen-Orient. Malgré quelques réserves face à la politique d’Emmanuel Macron, l’essayiste rappelle la supériorité du modèle français, notamment face au Royaume-Uni du Brexit : « le système français, non communautaire, universaliste, est quand même le moins mauvais de tous ».

« À mes yeux, un journaliste est insupportable et irremplaçable », a lancé Alain Minc à Vincent Bolloré. Témoin du dessein idéologique de son ancien ami et associé, Minc regrette aujourd’hui le rôle joué par l’homme d'affaires breton dans les médias français. Selon lui, le milliardaire aurait oublié le caractère irremplaçable des journalistes, faisant le « jeu de l’extrême droite » sur ses chaînes de télévision. Il revient sur le rachat du Journal du Dimanche par le groupe Lagardère, possédé par Bolloré, et critique le changement de sa ligne éditoriale depuis le rachat : « Quand un journal a une culture de la modération, y mettre fin, c’est une cicatrice faite à la démocratie ». Face au pouvoir, tout n’est qu’une question de liberté selon Alain Minc, qui affirme s’être détaché de Vincent Bolloré, en concluant que « leur conception différente de la liberté » a entaché leur amitié.

Les amoureux du pouvoir

Alain Minc s’intéresse au pouvoir depuis la fin du régime de Jacques Chirac, où il note une rigidification de la société après un « moment de bonheur à croire que tout est possible ». Il analyse le pouvoir comme une névrose pour ses acteurs, et une pathologie pour les observateurs. Il décrit la politique comme « le domaine où le théâtre humain est à son meilleur ou à son pire, mais où l’intensité est   nécessairement plus grande que dans la vie quotidienne », ajoute que le pouvoir politique est relatif : « le politique a l’ascendant sur quelque chose essentiel mais n’en a aucun dans la banalité du quotidien ». En revenant sur des personnalités publiques comme Cyril Hanouna, qu’il qualifie d’influenceur, Alain Minc revient sur la grande différence qui existe entre le pouvoir et l’influence : selon lui, « le pouvoir est hiérarchique, l’influence est diffuse ». L’influence serait-elle plus dangereuse que le pouvoir à cause de son caractère davantage imperceptible ? À réfléchir.