Ce jeudi 13 avril 2023 marque une nouvelle journée de grève et de manifestations contre la réforme des retraites, le 12e épisode depuis le début de la mobilisation lancée par l’intersyndicale. En effet, le sort de cette réforme tant contestée est aujourd’hui entre les mains du Conseil constitutionnel qui devrait rendre sa décision demain sur la validité du projet de référendum d’initiative partagée (RIP). Alors que trois options peuvent être envisagées - de la censure totale qui signerait la victoire des anti-réformes, aux cavaliers législatifs jusqu’à la validation du RIP - la décision des Sages devra-t-elle s’imposer à tous ? « Ça n’enlève rien qu’on ait le droit d’être contre la réforme avant et après la décision du Conseil constitutionnel. En ce qui me concerne, quelle que soit la décision, je considère que la mobilisation doit se poursuivre car ce texte de loi ne doit pas voir le jour » affirme Manuel Bompard qui rappelle que l’ensemble des organisations syndicales et 70% des Français rejettent cette réforme en bloc. Si le Conseil constitutionnel estime que le texte de loi proposé par le gouvernement est compatible avec la Constitution et valide ainsi cette réforme, cela ne mettra pas fin à la mobilisation. Soutenu par La France Insoumise, l’intersyndicale pourrait lancer un nouvel appel à manifester bien que le mouvement soit en train de s’essouffler. D’ailleurs, le patron de la CFDT Laurent Berger, à la tête du cortège depuis le début de la mobilisation, a déclaré qu’il ne manifesterait pas pendant six mois sur la réforme des retraites. Pour mettre fin à ce défilé incessant, il faut que « le président de la République entende l’opposition très majoritaire des Françaises et des Français, qu’il recule et qu’il retire ce texte de loi. Il n’y a pas de honte à dire ‘Je me suis trompé’ » explique le député et coordinateur de LFI. Si le gouvernement souhaite contourner le débat parlementaire pour faire adopter son texte de loi, la gauche invoque l’article 10 de la Constitution qui permettrait au chef d’État de procéder à une seconde délibération devant les députés à l’Assemblée nationale avant de promulguer la réforme. Un scénario totalement écarté par l’exécutif malgré la situation de blocage dans laquelle il s’enlise. « L’objectif aujourd’hui, c’est la poursuite de la mobilisation, de la grève pour obtenir le retrait de ce texte de loi. C’est la revendication de l’intersyndicale unie que je soutiens également » martèle notre invité. Dimanche dernier, Boris Vallaud qui occupe les bancs de la Nupes et gouverne le groupe socialiste à l’Assemblée, a utilisé le terme de « forcené de l’Élysée » pour qualifier le président de la République. Des propos que Manuel Bompard légitime : « Je ressens la même chose […] le fait que le Président de la République est calfeutré dans le Palais, qu’il ne veut discuter avec personne et qui fait comme si depuis trois mois, il n’y avait pas des mobilisations sociales plus puissantes depuis 30 ou 50 ans » poursuit l’ancien député européen.
Adrien Quatennens : le « sparadrop » de La France Insoumise
Cette crise sociale remue en interne une polémique chez LFI : celle de la réintégration d'Adrien Quatennens, condamné à quatre mois de prison avec sursis pour violences conjugales. Si les députés de sa famille politique ont majoritairement voté en faveur de sa réintégration au sein de l’hémicycle, son retour est fortement contesté par les autres membres de la Nupes. Un malaise qui s’installe progressivement à gauche et qui pourrait fragiliser cette alliance instiguée par Jean-Luc Mélenchon. De son côté Manuel Bompard refuse de s’exprimer sur son vote et garde son bulletin fermé. « Je suis très attaché à la prise en compte de cette question de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles » affirme notre invité face au feu de critiques des députés de gauche qui jugent la réintégration de l’ancien Numéro deux de LFI comme une « grave faute politique » et un « mauvais signal » envoyé au lectorat féminin. « Je considère que nous avons fait la démonstration que nous prenons très au sérieux cette question puisqu’à l’issue d’une condamnation judiciaire, il a eu une condamnation politique. Je suis pour qu’on prenne en charge cette questions de manière très importante mais je crois qu’on a le droit aussi au pardon et à la réparation d’une faute quand il a eu une sanction » défend Manuel Bompard qui suit la ligne de son groupe parlementaire. Un choix assumé qui n’en fait pas moins trembler la Nupes et indigne ses signataires, à commencer par Fabien Roussel qui la décrit comme étant « dépassée ». « Je ne suis pas d’accord. La Nupes ne se conjugue pas au passé […] elle continue à être une grande force si on veut être une alternative face à un macronisme déclinant en voie d’explosion interne » affirme notre invité.
Hier, Jean-Luc Mélenchon a semé le trouble dans un tweet énigmatique à la suite d’un sondage. Selon le chef de file de LFI, il passerait la barre des 20% avec François Ruffin au deuxième tour. Cela signifie-t-il que Jean-Luc Mélenchon adoube son dauphin pour la présidentielle de 2027 ? « François Ruffin est une personnalité très importante pour nous […] c’est un atout pour nous » concède Manuel Bompard qui souhaite mettre sur la table lors de la prochaine campagne, le partage des richesses, l’augmentation des salaires par temps d’inflation et l’urgence climatique.