Il y a un mois, Marlène Schiappa était évincée du gouvernement. L’ancienne ministre déléguée chargée de la citoyenneté n’a pas été reconduite dans le gouvernement Borne. Alors que la stratégie de remaniement est en marche avant le discours de politique générale qui sera prononcé demain, Marlène Schiappa fait son come-back dans les rangs du gouvernement Macron. « J’étais en train de travailler pour créer une entreprise sur le champ de l’égalité femme/homme » explique notre invitée qui a finalement été rappelée par le Président de la République pour occuper les bancs du ministère. « On est dans un contexte historique de féminisation du pouvoir politique […] être dans le gouvernement de la première femme Première ministre depuis Edith Cresson, avec une femme président de l’Assemblée nationale, une femme présidente du groupe majoritaire, je suis très heureuse de rejoindre cette équipe » explique la nouvelle secrétaire d’État chargée de l’économie sociale et solidaire et de la vie associative. Aujourd’hui, la conseillère régionale d’Ile-de-France se retrouve propulsée à la tête de deux ministères différents pour dédiaboliser le secteur financier : « On a besoin d’avoir un engagement des entreprises, le profit n’est pas le seul but. Il doit y avoir un engagement social, écologique, pour la parité ».
Politique de remaniement : des revenants au gouvernement
Le remaniement ne penche-t-il pas vers un gouvernement Castex bis ? « C’est un mélange avec des personnes expérimentées, proche du Président de la République mais aussi qui représentent l’ensemble de la majorité et des forces de la société civile » défend l’ancienne ministre délégué chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Égalité des chances. Tandis que la politique de remaniement se dessine, comment répondre au message politique qu’on envoyé les Français par le biais des urnes aux législatives ? Si Emmanuel Macron a ouvert la porte des négociations pour tenter une politique du compromis, certains groupes d’opposition ont rejeté la main tendue du Président de la République. « Je pense qu’il y a des élus d’opposition très responsables qui ne souhaitent pas bloquer le pays. Ils souhaitent faire entendre leur voix et le ligne politique, c’est normal […] ce sera à nous les membres du gouvernement d’aller trouver des majorités de projet » affirme Marlène Schiappa qui reste très positive sur le volet associative sur lequel l’ensemble de l’échiquier politique peut « se retrouver ».
Parmi les revenants du gouvernement, toutes ces (re) nominations ne sont pas vues d’un bon œil, notamment celle de Caroline Cayeux et de Christophe Béchu qui avaient signé une tribune contre le mariage pour tous. Sandrine Rousseau a vivement réagi à la ré investiture de ces anciennes figures politiques. Elle a déclaré : « l’homophobie se renforce au gouvernement », au moment même où les États-Unis sont frappés par une politique régressive qui revient sur des droits fondamentaux. « Je pense que les gens peuvent évoluer » soutient notre invitée.
Une autre décision a fait trembler le gouvernement. Elisabeth Borne a décidé d’exclure Damien Abad de ses rangs après des semaines de polémique. Accusé d’agressions sexuelles et visé par une enquête pour « tentative de viol », le Ministre des Solidarités a été remplacé par un duo inédit composé Jean-Christophe Combe, directeur général de la Croix-Rouge française, et de Geneviève Darrieussecq, membre du MoDem. Marlène Schiappa qui s’est battue contre les violences conjugales à l’origine du Grenelle, un nouvel outil pour lutter contre les féminicides, s’aligne sur la décision de la Première ministre. « Je trouvais qu’il était extrêmement difficile que Damien Abad reste au gouvernement […] » explique Marlène Schiappa qui ne souhaite pas se prononcer sur l’affaire.
Demain, Elisabeth Borne prononcera son discours de politique générale, un événement particulièrement attendu à l’Assemblée. Pour ce faire, pas de vote de confiance mais une motion de censure, ce à quoi Mathilde Panot, président du groupe LFI à l’Assemblée, a réagi : « Nous vous ferons venir de force devant le Parlement ». « Je suis persuadée que la Première ministre et tous mes collègues du gouvernement répondront à toutes les questions qui seront posées par les parlementaires quel que soit leur bord politique » conclut Marlène Schiappa qui ouvre d’ores et déjà la porte des négociations avec tous les groupes d’opposition.