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Marylise Léon : c’est un nom qu’il faut garder en tête. Cette syndicaliste vient d’être nommée pour succéder à Laurent Berger en tant que secrétaire générale de la CFDT. Après la grande brouille de la réforme des retraites qui a mené à une série de manifestations organisées par les syndicats, la nouvelle dirigeante va-t-elle suivre la ligne de conduite de son prédécesseur ou compte-t-elle enterrer la hache de guerre avec le gouvernement ? « Quand on parlait retraite il y a six mois, on parlait travail. Le travail doit encore et toujours être le premier sujet de discussion à la fois avec les employeurs, les salariés bien entendu et l’exécutif » rappelle notre invitée. Toujours fermement opposé au report de l’âge légal de départ à la retraite passant de 62 à 64 ans à partir du 1er septembre 2023, la CFDT s’interroge sur la mise en place effective de cette réforme très contestée. Loin d’en avoir fini avec ce volet, Marylise Léon souhaite poursuivre le combat de Laurent Bergé dans l’espoir de faire ratifier cette mesure : « Le sujet est toujours sur la table et la question numéro 1 lorsqu’il s’agit de ce report de l’âge, c’est la question des conditions de travail » s’entête-t-elle. Elle a d’ailleurs rencontré, avec d’autres leaders syndicaux, la Première ministre au début du mois. Lors de ce rendez-vous au sommet, la nouvelle secrétaire générale de la CFDT a fait part de ses revendications avec une question prioritaire concernant la pénibilité mais également l’emploi des seniors et les parcours professionnels. Cette dernière veut revoir les critères de pénibilité évalués à ce jour à 10 points. Élisabeth Borne est-elle ouverte à ces propositions ? « Aujourd’hui, ils nous disent qu’ils sont prêts à nous laisser négocier sur un certain nombre de sujets […] la question c’est : est-ce qu’on aura bien toutes les marges de manœuvre ? On aura la réponse fin août puisque le gouvernement doit nous adresser des orientations sur lesquelles il nous attend » explique la syndicaliste. Invité à s'exprimer dans les journaux de 13h ce lundi 24 juillet, le président de la République a bafoué le dialogue syndical et n’a donné aucune directive à ces organismes. Pour Marylise Léon, cela n’a aucune importance. Pour la nouvelle dirigeante de la CFDT,  la priorité est de reconsidérer les travailleurs et travailleuses en seconde ligne qui attendent des réponses depuis la crise Covid : « Ils attendent toujours d’être reconnus en termes de pouvoir d’achat, de conditions de travail en termes d’horaire, de durée de contrat ». Et d’attendre de l’exécutif qu’ils se mobilisent sur le terrain pour les salariés. 


Social : les perspectives de la rentrée 


Véritable cheval de bataille du gouvernement, Emmanuel Macron reste campé à l’objectif du plein emploi qu’il s’est fixé depuis le début de son premier quinquennat. C’est d’ailleurs la feuille de route d’Olivier Dussopt, à la tête du ministère du Travail, censé venir à bout de ce chantier prioritaire. Alors que la réforme de Pôle emploi va se transformer en France Travail et que l’exécutif bûche déjà sur les nouvelles conditions d’obtention du RSA, cela n’est pas compatible avec la politique de la CFDT. « Au-delà de ça, l’idée c’est de se dire comment on accompagne mieux tous ceux qui sont en recherche d’emploi. Donc je partage tout à fait cette idée et cet objectif, allons vers le plein emploi » nuance notre invitée qui souhaite renforcer et améliorer l’accompagnement des chercheurs d’emploi de façon personnalisée. Et de pointer du doigt l’ambiguïté du gouvernement sur ce point : « Il y a une ambiguïté assumée de la part de l’exécutif de ne pas toujours répondre à ce qu’est la conditionnalité du RSA […] pour le moment le flou reste extrêmement important » fustige Marylise Léon, fermement opposée à la révision des modalités du RSA.  

Depuis l’affaire Nahel, le conflit social au sein de la Police nationale ne désemplit pas. Les syndicats de police campent sur leur position et protestent contre la ratification de la loi de 2017 concernant l’usage des armes à feu mais également contre la détention provisoire d’un des leurs à Marseille. La colère se propage et les arrêts maladie se multiplient en signe de rupture. « Le vrai sujet, c’est les conditions de travail des policiers en exercice […] Je pense qu’il faut travailler sur ce que sont ces conditions de travail qu’elles soient matérielles ou qu’on parle de la rémunération également. C’est en s’attachant qu’à ces causes profondes qu’on pourra résoudre cette problématique » défend notre invitée. 

Autre mouvement protestataire singulier, la grève de nos confrères du Journal du Dimanche se prolonge marquant ainsi le cinquième dimanche sans parution. Ce qui motive cette opération coup de poing et cette grève historique ? La nomination de Geoffroy Lejeune, un éditorialiste orienté à droite toute de l’échiquier politique et ancien directeur du journal Valeurs actuelles, par Vincent Bolloré et Arnaud Lagardère. De son côté, Marylise Léon soutient les journalistes mobilisés dans cette lutte acharnée : « Ils défendent aujourd’hui un journal qu’ils souhaitent garder comme un journal d’information. Il faut garder une pluralité de la presse et on assiste à une concentration qui est, de notre point de vue, dangereuse » estime-t-elle.