Alors que les règles du chômage pourraient encore changer, Thomas Sotto reçoit Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, dans les 4 vérités. Si Bruno Le Maire a annoncé qu’il souhaitait aligner la durée du chômage des plus de 55 ans sur celle des autres travailleurs, autrement dit réduire leur indemnisation, la syndicaliste française lui répond qu’il est « hors de question de toucher à quoi que ce soit tant qu’on ne sait pas ce à quoi les entreprises sont prêtes à s’engager pour le maintien de l’emploi ». Une discussion doit « absolument » être engagée entre les organisations syndicales et patronales à ce sujet avant que toute décision soit prise. Selon la successeure de Laurent Berger, « l’hypocrisie vient des employeurs », qui incitent parfois leur séniors à partir au chômage, leur soumettant l’idée d’une « période tampon préretraite » en réalité défavorable pour eux.
Sachant que l’on compte 33 % d’emplois pour les 60-64 ans en France contre 46,4% en moyenne dans l’Union européenne, peut-on légitimement se demander si l’Hexagone n’a pas un problème à ce sujet ? Et lequel ? La membre de la Confédération française démocratique du travail parle en tout cas d’une vision du travail « très limitée dans le temps ». D’autre part, il existe dans le pays une obsession de l’emploi, empêchant de regarder d'autres sujets importants : la question du salaire et celle du bien-être des salariés notamment. Pour qu’ils se sentent épanouis, il faudrait, par exemple, favoriser davantage les formations. Par ailleurs, on ne fait pas les choses dans le bon ordre, considère Marylise Léon. Par exemple, la question de l’emploi de séniors est une question qui aurait dû être posée bien avant celle du recul de l’âge légal à la retraite.
Restriction des ruptures conventionnelles, suspension des repos hebdomadaires pendant les JO… Les syndicats vont surveiller
Élisabeth Borne souhaite restreindre les ruptures conventionnelles, qui augmenteraient selon elle la courbe du chômage. À ce sujet, Marylise Léon est « prête à regarder le pourquoi ». Au lieu de restreindre cet accès, il vaudrait mieux, selon elle, regarder avec plus d’attention ce qui motive les salariés à partir. S’agit-il de mauvaises conditions de travail ? Des questions de mésentente ? De santé ? Pour un projet personnel ? L’important est en tout cas de ne pas laisser ceux qui souffrent rester coûte que coûte dans un emploi qui ne leur convient plus, et « ce n’est pas en restreignant aveuglément le dispositif des ruptures conventionnelles qu’on va relever les vrais défis ».
Appelée à s’exprimer sur le projet de loi immigration proposé par Gérald Darmanin et adopté par le Sénat en première lecture, avec modifications, le 14 novembre 2023, Marylise Léon parle d’un « projet de la honte ». Il est, décrit-elle, en « parfaite opposition avec les valeurs humanistes de la CFDT et de ce que la France devrait continuer de porter ».
Enfin, les JO de Paris arrivent à grand pas et charrient leur lot de projets. Un décret publié par le gouvernement vendredi 24 novembre devrait permettre de suspendre le repos hebdomadaire dans les entreprises qui participent à l’organisation ou la diffusion des Jeux Olympiques de Paris. Est-ce acceptable ? La syndicaliste parle d’un cas « exceptionnel qui doit faire l’objet de négociations par entreprises afin de pouvoir définir des justes compensations. » C’est donc un oui, mais sous conditions.