Monseigneur Matthieu Rougé est l’invité des 4 vérités en ce lundi de Pâques. Spécialiste de la théologie politique, il s’exprime sur plusieurs sujets d’actualité et fait entendre sa voix, une de celles qui comptent au sein de l’Eglise de France.
Crise sanitaire et crise morale ?
« L’année dernière c’était terrible d’être séparés pour cette fête essentielle pour les Chrétiens », rappelle d’emblée l’évêque de Nanterre, qui a cette fois pu « rassembler les fidèles » pour célébrer Pâques cette année, en suivant bien entendu un protocole sanitaire adapté : multiplications des messes pour accueillir un public réduit, port du masque et respect de l’ensemble des gestes barrières. Interrogé sur l’impact que peut avoir la pandémie sur la foi, Matthieu Rougé estime qu’il est « difficile de tirer un bilan d’une crise encore en train de se déployer ». Selon lui, le contexte actuel devrait favoriser une « croissance spirituelle » même s’il peut parfois y avoir de la « peur » qui rend « tout plus compliqué ».
Parmi les mesures mises en place par le gouvernement depuis un an, certaines ont été contestées par l’Eglise. « Il y a eu le drame de ne pas pouvoir accompagner des personnes en deuil, d’accompagner les mourants », dénonce-t-il, même s’il y a eu ensuite une « prise de conscience » sur le sujet. « Nous sommes très engagés d’une part pour être des témoins de l’espérance, c’est le cœur du message de Pâques et puis aussi pour accompagner les personnes fragiles, pour les aider à avancer dans la paix ». Outre les personnes endeuillées et celles qui sont mourantes, Monseigneur Matthieu Rougé a également une pensée pour les plus âgés qui se sont souvent retrouvés isolés, notamment dans les maisons de retraite.
Loi séparatisme, débat sur la liberté religieuse
Votée en première lecture à l’Assemblée nationale et discutée ces jours-ci au Sénat, la loi sur le séparatisme fait débat en ce moment et les évêques de France ont décidé de se positionner sur le sujet. « Il y a un débat et nous participons à ce débat, explique l’homme d’église de 55 ans. Je crois que tout le monde a compris que la liberté religieuse était une liberté fondamentale ».
S’il reconnait que dans ce texte « il y a beaucoup de mesures adaptées et bienvenues » et que les politiques sont tout à fait dans leur rôle en se penchant sur le sujet, il affirme surtout qu’il « faut faire très attention à ne pas porter le soupçon sur l’appartenance religieuse comme telle ». Tout en rappelant que l’ensemble des associations – religieuses ou non – n’échappent pas aux lois de la République : « ce qui est important, c’est que toute la société […] respecte les règles de la vie commune ».