Thomas Sotto reçoit Nicolas Chabanne, porte-étendard des consommateurs et créateur de la marque C’est qui le patron ?!, sur le plateau des 4 Vérités
La colère gronde dans les campagnes. Depuis plusieurs jours, des agriculteurs, lassés de leurs conditions de travail qui ne s’améliorent pas, des promesses non tenues quant à la régulation de l’utilisation de certains pesticides, d’un salaire qui ne leur permet pas de se nourrir, d’absence d’avancées vers une agriculture durable, ont quitté leurs champs pour bloquer les routes et faire entendre leur colère. Bien que la majorité des ministres disent comprendre leurs revendications, l’exécutif n’a pour l’instant apporté aucune réponse. Le Premier ministre recevait hier soir, lundi 22 janvier, les principaux syndicats, mais aucune annonce n’est ressortie de leur entretien. Pour Nicolas Chabanne, en 20 ans de métier, « la détresse des producteurs n’a jamais été aussi forte ». La raison ? Des années que les problèmes s’accumulent sans que la situation ne s’améliore.
Une colère qu’il estime légitime et globalement bien comprise par la population, qui sait à quel point les agriculteurs sont indispensables. D’après les sondages, les trois quarts des consommateurs s’inquiètent de la qualité des produits qu’ils achètent et seraient prêts à payer plus cher pour consommer mieux. Pour l’entrepreneur, ce sont eux qui détiennent la solution au problème. Ce n’est qu’en consommant mieux, local, de préférence bio, qu’ils pourront faire pression sur les industriels et améliorer les conditions de travail des agriculteurs. Une ironie, à l’heure de l’inflation qui fait gonfler de plus en plus terriblement les prix, de faire peser la responsabilité des changements du secteur de l'agroalimentaire sur les consommateurs ?
Un besoin de médiation entre industriels et agriculteurs
C’est néanmoins le parti qu’a pris Nicolas Chabanne. Ce petit-fils d’agriculteur propose d’acheter un lait français au « juste prix ». Malgré une somme légèrement plus élevée que la moyenne, son lait serait le plus vendu du pays. Une preuve de la volonté des acheteurs de consommer plus cher pour une meilleure qualité, et l’assurance d’une rémunération honnête pour les agriculteurs. À l’heure où à peine 6% des consommateurs estiment faire confiance aux acteurs de la grande distribution, ce n’est que par une plus grande prise de conscience de leur pouvoir, et le changement durable de leurs habitudes de consommation, que le dialogue pourra être rétabli entre industriels et agriculteurs.
Pour Nicolas Chabanne, il n’incombe pas seulement aux citoyens de changer la donne. Il exhorte aussi les politiques à se saisir de l’urgence de la situation et à agir en tant que médiateurs entre les revendeurs et les producteurs. Il s’attriste d’un silence radio présidentiel depuis 7 ans à propos de son initiative C’est qui le patron ?!, et aimerait pouvoir discuter avec Gabriel Attal. Le soutien affiché par les ministres à la cause agricole devrait s’accompagner d’actions concrètes. Pour l’homme d'affaires, il ne faut pas que les politiques se déconnectent de la réalité de la vie des travailleurs de la terre, et il les encourage à aller voir, sur le terrain, comment se passe leur quotidien.
Du côté des industriels, s’il reconnaît que « des efforts ont été faits », ils ne seraient pas suffisants et manqueraient d'une des clés essentielles au changement : la transparence. Ce n’est que lorsque les marquent montreront « où va l’argent » des français que des changements durables et profonds, pour les agriculteurs, les consommateurs et l’environnement, se feront ressentir.