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Ce n’est pas faute de sonner fréquemment l’alerte sur la crise des logements… Depuis quelques années maintenant, les Français se retrouvent confrontés à de réelles difficultés pour bien se loger. Et le nouveau chiffre publié hier par l’Institut Paris Région concernant la situation en Île-de-France le confirme. Jamais il n’y a eu autant de demandes de logements sociaux. En effet, elles ont quasiment doublé depuis 2010 passant de 783 000 ménages en attente en 2022. Selon cette dernière étude, il faudrait compter plus de 10 ans en Île-de-France et 16 ans à Paris intra-muros pour accéder à un logement social. Comment expliquer ces chiffres qui ont atteint depuis belle lurette la ligne rouge ? Le ministre délégué chargé des Logements, Patrice Vergriete, observe un réel blocage généralisé à tout l’Hexagone dû à une augmentation massive des demandes de logements sociaux ces dernières années, s’élevant à 2,4 millions. Cela se traduit par une « augmentation des prix de l’immobilier eux-mêmes liés à plein de facteurs issus de la politique nationale du logement ». Mais ce dernier se veut rassurant sur cette tendance des prix de l’immobilier qui commencent enfin à baisser « pour tenter de réguler les choses et parce qu’il y a une crise de la production ». Quelques semaines plus tôt, Véronique Bédague, PDG du groupe immobilier Nexity, avait elle aussi fait le même constat sur le plateau des 4 vérités. Cette dernière était revenue sur cette crise immobilière sans précédent, à l’origine d’une hausse des prix constante sur le marché immobilier pour une une raison simple : « Les prix ne baissent pas car au fond dans ce secteur il y a une donnée qui dure depuis longtemps : il n’y a pas assez d’offres de logement dans ce pays. Tant qu’il n’y aura pas assez d’offres, les prix ne baisseront pas ». En résulte une pénurie de logements significative et une difficulté pour les jeunes actifs d’accéder à la propriété face à l’augmentation des taux d’intérêts. À ce constat s’ajoute l’augmentation des familles monoparentales, premières victimes collatérales de cette crise. Faut-il construire davantage ? Pour Patrice Vergriete, il faut mettre l’accent sur la rénovation des logements dans certains territoires et « mettre le paquet » en métropole et sur les sites en réindustrialisation pour reconstruire massivement. Une nouvelle politique mise en route par le gouvernement avec l’accord du mouvement HLM pourrait dénouer ce nœud extrêmement tenace. 


Logement étudiant : de nouvelles mesures 


Parmi les publics les plus touchés par ce problème d’accès aux logements, les étudiants sont en première ligne. 12% d’entre eux renoncent d’ailleurs à leur premier choix d'études pour cette raison. Le ministre délégué chargé des Logements devrait prononcer aujourd’hui de nouvelles mesures pour les logements étudiants. Que va-t-il se passer dans les prochains mois ? « Nous avons décidé avec la Première ministre et Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur, de lancer un grand plan de logements étudiants et de travailler sur tout ce qui est possible : mobiliser davantage de foncier dans les universités pour pouvoir construire des logements étudiants, transformer des bureaux en logements, essayer de prendre des engagements sur la construction de logements sociaux étudiants » détaille notre invité qui annonce 35 000 nouveaux logements dans les prochaines années et 8000 l’année prochaine. Et d’ajouter : « On a déjà autorisé dans le cadre du projet de loi de finance, davantage de résidences en logements locatifs intermédiaires c'est-à-dire des loyers 15% en dessous du marché pour les étudiants ». 

Pénurie de logements d’un côté, et trop de meublés touristiques de l’autre… C’est la question du moment qui se pose avec les logements type AirBnB qui pullulent dans les grandes villes et singulièrement à Paris. Pour réguler ce marché qui paralyse l’immobilier et l’accès aux logements, une proposition de loi vise à changer la fiscalité qui est aujourd’hui très avantageuse pour les propriétaires qui peuvent louer et payer peu d’impôts. Elle propose entre autres, un abattement à 30% posé sur la table. De son côté, Patrice Vergriete n’y est pas opposé, observant à son échelle une augmentation des logements meublés touristiques de 47% en deux ans à Dunkerque. « Cela se fait au détriment des personnes qui ont besoin de résider sur le territoire ou des étudiants. Il faut casser cette dynamique dans les territoires où ça s’est trop développé » explique-t-il. Pour cela, il propose de « donner aux maires un outil pour réguler et contrôler le marché ». Faut-il en plus légiférer sur une limitation du nombre de jours autorisés pour louer son logement sur les grandes plateformes ? Pour le ministre délégué chargé des Logements, il faut décentraliser pour donner plus de pouvoirs aux maires et leur donner la possibilité d’en adjuger eux-mêmes.